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Le Festival du Film Féminin : un hommage aux femmes et au cinéma engagé

  • Photo du rédacteur: Dandeu Mathilde
    Dandeu Mathilde
  • il y a 44 minutes
  • 5 min de lecture
Edith Semmani
Edith Semmani

À la tête des Trophées des femmes, un événement créé en 2015 à l’île de La Réunion, Edith Semmani a envie de plus. Elle veut mettre les femmes en lumière au cœur du cinéma, un secteur trop longtemps soumis au pouvoir des hommes. Elle a alors une idée : celle de créer un festival : Le Festival du film féminin, dédié seulement aux réalisatrices pour montrer leur force, leur courage et leur vision qu’elles ont de notre monde. Rencontre avec celle qui œuvre à la parole féminine.



C’est sur l’île paradisiaque qu’est La Réunion que prend vie le Festival du film féminin, imaginé par Edith. Un festival plus qu’important : il permet à l’île de devenir terre d’accueil durant une semaine, la faisant vibrer à travers une programmation riche en films poignants et engagés. C’est aussi un moment de partage, mais aussi de visibilité pour toutes ces réalisatrices qui se battent au quotidien contre un secteur bien trop souvent (depuis trop longtemps) sous l’égide du masculin.


Qui de mieux qu’Edith pour nous parler de ce rendez-vous, mais surtout de son combat à mettre en avant le travail de femmes aux messages forts, mais aussi l’importance du cinéma auprès des jeunes Réunionnais.


"Les femmes vont sur des sujets auxquels les hommes ne pensent pas forcément"


Quelle est la genèse de la création du Festival du film féminin ?


Edith Semmani : En 2015, j’ai créé un événement, Les Trophées des femmes précieuses, qui s’inspirait des Trophées des femmes en or qui existaient en France, en métropole, depuis plus de 20 ans. C’étaient des trophées qui avaient pour but de récompenser des femmes pour leur parcours, que ce soit dans le sport, l’environnement, l’innovation… La première édition était avec le film engagé Arrêtez-moi, de Jean-Paul Lilienfeld, qui est venu pour faire des rencontres et des débats sur le sujet des violences faites aux femmes.


À travers Les Trophées des femmes précieuses, j’ai mis de plus en plus de films en projection, car je me suis aperçue que l’aspect visuel et audiovisuel était un merveilleux outil pour pouvoir échanger, réfléchir, débattre, émouvoir… sur des sujets sur lesquels je me suis engagée. Puis, quand j’ai projeté le film de Sonia Rolland, "Les Femmes du Rwanda", j’ai eu un déclic par rapport à ce documentaire très inspirant sur ces femmes résilientes. Je me suis dit qu’il faudrait que j’aille plus loin entre ce pont de projections de films et les femmes. Et là, j’ai dit à Sonia : "Je vais créer un festival pour vous, les femmes réalisatrices."


Les femmes vont sur des sujets auxquels les hommes ne pensent pas forcément ou ne les auraient pas traités de la même manière. C’est comme ça qu’est née l’idée en 2018. J’y suis allée sans trop savoir où je mettais les pieds, mais il vaut mieux ne pas trop réfléchir car après on ne fait rien. Et ça a été un véritable parcours de combattant et en 2019 le festival a enfin vu le jour.


Au-delà d’apporter de la visibilité aux femmes, qu’est-ce que vous avez envie d’apporter à travers ce festival ?


Edith Semmani : C’est de transmettre et de partager. Il y a énormément d’actions auprès des jeunes, car depuis le COVID, ils ne vont plus au cinéma de la même manière. Le prix des places ayant augmenté, ils y vont surtout pour voir des blockbusters. Ce festival, c’est une façon de leur montrer d’autres films et de les sensibiliser à d’autres sujets. Pour les inciter à venir, les projections que je propose avec les réalisatrices sont gratuites, sauf les séances d’avant-première qui sont à 10 euros.


Ce festival, c’est aussi une façon de pouvoir mettre en place des échanges, de créer un mouvement d’inspiration.


Depuis la création du festival en 2019, est-ce que vous avez pu constater une évolution de la place de la femme au cœur du cinéma, que ce soit les réalisatrices, les actrices, les productrices… ?


Edith Semmani : Sur le territoire de l’île de La Réunion, oui. Il y a eu beaucoup plus de femmes qui sont passées derrière la caméra. Mais elles restent dans des secteurs bien précis, comme le documentaire ou le court-métrage. Je sais que les chiffres viennent de tomber, et ce n’est qu’un leurre, car entre 2023 et maintenant ça a baissé. Il y a un rapport du CNC qui vient de tomber, et le nombre de femmes derrière la caméra est en baisse. Donc on fait trois pas en avant et trois pas en arrière.


Sarah Lelouch est la marraine de cette 6e édition, comment s’est passée votre rencontre ?


Edith Semmani : Je l’ai rencontrée cette année à Cannes par l’intermédiaire d’une amie que l’on a en commun. Elle a été de suite dans l’écoute, l’envie d’accompagner… c’est quelqu’un de très généreux. Et quand je lui ai proposé de venir pour le festival, pour parler de l’IA, elle m’a dit oui de suite. Je lui ai alors proposé d’en être la marraine.


C’est un festival également ouvert aux hommes avec la présence de Hugues Peysson et Alain Godon-Gentil. Quelle est leur place et qu’est-ce que vous avez envie qu’ils apportent ?


Edith Semmani : Ces deux messieurs sont surtout sur la filière professionnelle, c’est-à-dire qu’Alain Godon-Gentil est directeur général de la chaîne mauricienne de TV. Il est là pour un partage culturel entre nos deux îles. Pour Hugues c’est un peu pareil : l’idée est qu’il rencontre des producteurs pendant le festival et que ça permette de faire du réseautage et pourquoi pas faire naître de nouveaux projets.


Pour vous, est-ce que la nouvelle génération est plus soucieuse de cette équité entre les femmes et les hommes ?


Edith Semmani : J’ai l’impression que la génération en devenir prend vraiment conscience de cette importance. Même les plus jeunes réalisateur·trices, j’ai ce sentiment où il y a vraiment cette envie qu’il y ait une véritable égalité entre les hommes et les femmes. Canal+ Réunion, quand ils donnent de l’argent, cette équité fait partie du cahier des charges.


Vos trois films féminins coup de cœur ?


Edith Semmani : Alors je vais vous parler de films en général, car ceux du festival je les aime tous. Je ne peux pas dire que j’en aime un plus que l’autre, avec des messages très puissants.


Je veux d’abord rendre hommage à Tonie Marshall, qui a été la première Française à recevoir un César pour "Vénus Beauté" en tant que réalisatrice. Il y a Agnès Varda, Diane Kurys, dans un autre genre, j’ai Danièle Thompson que j’admire beaucoup, et Nicole Garcia. Ce sont des grandes dames que j’admire énormément. Elles ont apporté et ont permis d’ouvrir la porte à d’autres.

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