Hiba Tawaji : une figure emblématique au coeur de la musique
- Dandeu Mathilde
- il y a 1 jour
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Il y a ces concerts uniques que l’on n’oublie pas… comme Hiba qui ne veut et ne peut oublier sa représentation à l’Olympia. La force de la musique ? Cette possibilité de pouvoir l’enregistrer pour offrir un merveilleux objet. C’est ainsi qu’Hiba Tawaji a eu l’idée de pouvoir créer un vinyle avec 9 chansons inédites de son concert live à l’Olympia.
Chacune des interprétations d’Hiba Tawaji nous fait frissonner. Comment ne pas se laisser emporter par cette voix d’une force majestueuse et par la puissance des émotions qu’elle émet. Mais au-delà de la musique, Hiba Tawaji est devenue, au fil du temps, un véritable modèle artistique, de par la femme qu’elle est, et ses engagements en tant qu’artiste à faire vivre la musique, même là où elle a été longtemps interdite… Elle est désormais une figure, l’espoir que tout le monde peut vivre ses rêves en laissant leur création naître. Rencontre.`
"Je fais de mon mieux pour représenter une jeunesse féminine moderne, ouverte au monde"
Comment est né ce projet de sortir en vinyle votre album live de l’Olympia ?
Hiba Tawaji : L’album live est sorti en digital, à l’anniversaire des un an du concert, en mai 2025. Ce concert était tellement important que j’avais envie de l’immortaliser à travers un objet. Pour moi, le vinyle était une évidence : il représente la musique, il est classe et intemporel.
C’est un vinyle dans lequel il y aura 9 titres inédits. Comment les avez-vous choisis, et quelle était la difficulté de faire ces choix ?
Hiba Tawaji : C’était très difficile, car pour le vinyle il fallait limiter la durée, et pour moi toutes les musiques du concert méritaient d’être dans ce vinyle. J’ai opté pour les titres que j’ai partagés avec les guests et deux chansons phares de mon répertoire personnel en arabe, qui sont les plus demandées durant mes concerts.
Comme vous l’avez précisé, parmi ces 9 titres il y a des duos. Je voulais revenir sur celui avec Lara Fabian : que représente-t-elle pour vous ?
Hiba Tawaji : Sur le plan artistique, c’est une des voix qui m’a le plus touchée et inspirée. J’ai grandi en écoutant ses chansons, en écoutant sa voix qui m’a beaucoup inspirée. Quand j’ai eu le plaisir de la rencontrer, j’ai apprécié la personne, l’être humain derrière cette voix : sa gentillesse, sa générosité, son humilité, sa bienveillance… Pour moi, c’est une femme extraordinaire, magnifique, qui m’a beaucoup marquée.
Vous faites partie de ces chanteuses dites « à voix ». Dans une interview menée avec Julie Zenatti, elle me confiait que cela pouvait être plus difficile de s’imposer dans le monde de la musique. Est-ce que vous l’avez ressenti ?
Hiba Tawaji : Dans le milieu artistique, on ne peut pas plaire à tout le monde, mais je pense aussi qu’il ne faut pas renoncer à qui on est. Si en tant qu’artistes on se présente comme des chanteuses à voix, il ne faut pas renoncer, puisque c’est ce qui nous représente. On pense souvent que les chanteuses à voix ne savent faire que des performances, sans vraiment créer de l’émotion, mais au contraire : la voix est l’outil pour faire passer des messages et des émotions.
Après, je trouve absurde que l’on puisse nous catégoriser comme des chanteuses à voix, puisque pour moi, pour être chanteur ou chanteuse, il faut avoir de la voix.
On va parler du titre Cèdre dédié au Liban. Comment s’est passée votre collaboration avec Ycare, et pourquoi l’avoir choisi ?
Hiba Tawaji : J’ai rencontré Ycare lors du concert en hommage au Liban, après l’explosion à Beyrouth en 2020. Mon mari, Ibrahim Maalouf, était directeur musical de ce concert et avait rassemblé plusieurs artistes. Ycare interprétait Les Cèdres. Puis, quand Ycare a enregistré son album, il m’a invitée, avec Ibrahim, à partager Les Cèdres dans son album, ce que j’ai accepté. J’adore cette chanson, j’adore l’artiste qu’il est. Pour moi, il fait aujourd’hui partie de la famille, et c’était logique de l’inviter à l’Olympia.
Florent Pagny devait revenir sur scène en 2026. Comment l’avez-vous convaincu d’apparaître plus tôt ?
Hiba Tawaji : Quel honneur il m’a fait de m’offrir son retour sur scène. C’était une surprise pour tout le monde. Quand je l’ai invité, je ne pensais pas du tout qu’il allait accepter. Puis, une ou deux semaines avant le concert, il m’a dit : « C’est bon, je serai là. » Pour moi, c’était une énorme surprise, un énorme cadeau. Même vis-à-vis du public, on ressent l’émotion des gens quand il arrive sur scène sans être annoncé. C’était un moment très fort.
Vous êtes la première chanteuse à avoir fait un concert en Arabie saoudite. Est-ce que cette scène est le symbole d’une ouverture à la musique pour les femmes ?
Hiba Tawaji : Ça a commencé en 2017. J’étais la première femme à chanter devant un public de femmes. C’était le début d’une évolution qui, aujourd’hui, est allée encore plus loin, et qui continue. Et c’était un honneur pour moi d’être la première femme. Depuis, les choses continuent d’avancer, avec une ouverture à la culture, à la musique, pour tous : pour les femmes comme pour les hommes. Faire partie de cette évolution, c’est pour moi marquant, avec un pas important qui est considéré comme historique.
Est-ce que vous avez conscience d’être un symbole pour ces femmes ?
Hiba Tawaji : Je fais de mon mieux pour représenter une jeunesse féminine moderne, ouverte au monde. Après, c’est difficile de porter toute cette responsabilité, mais on a tous nos forces et nos failles, donc c’est important de rester soi-même. Quand on est authentique, c’est là que l’on peut représenter les autres, qui peuvent s’identifier à des parcours similaires ou des messages que l’on a envie de transmettre.
Votre prochain album est en français. Qu’est-ce que représente la France pour vous musicalement ?
Hiba Tawaji : Au Liban, c’est assez commun de parler en français, en anglais et en arabe, et même de mélanger les trois langues dans une seule et même phrase. J’ai grandi au Liban, et le français a toujours été ma deuxième langue. J’ai été très influencée par les chansons françaises que j’écoute au quotidien. Mes études, je les ai faites en français… Pour moi, le français fait partie de ma personnalité et de ma culture, donc c’était important de m’exprimer en français à travers mes chansons.
Si vous deviez définir votre carrière ?
Hiba Tawaji : Je dirais : une diversité culturelle, une liberté d’expression, de l’émotion, de beaux souvenirs, des moments difficiles, mais en même temps de la joie, entourée de personnes qui sont là depuis le premier jour. J’essaie de rester toujours bien entourée de ma famille, de mes proches. J’ai encore beaucoup de rêves que j’ai envie de réaliser.

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