Yassine Azzouz nous parle du lien fort entre la mode et le cinéma
- Dandeu Mathilde
- 26 mai
- 5 min de lecture

Ambassadeur de la marque Gatsby pour la 78e édition du Festival de Cannes, on a pu poser quelques questions au comédien Yassine Azzouz sur l’importance qu’il accorde à la mode au cœur du cinéma. Rencontre.
Entre la mode et le cinéma, il n’y a qu’un pas. En effet, que serait le cinéma sans ses grands costumes ? Des costumes modernes, d’époque ou futuristes, imaginés pendant des heures pour qu’ils ne fassent qu’un avec les acteurs et chacun de leurs personnages. Costumier, un corps de métier que félicite Yassine Azzouz. Le comédien, ambassadeur de la marque Gatsby pour la 78e édition du Festival de Cannes, accorde une grande importance à chacun des costumes que peut porter un personnage.
Une interview très éclectique, puisque, au-delà de la mode, on en a aussi profité pour lui poser quelques questions autour de la diversité au cœur du cinéma.
Yassine Azouz : "La mode est un corps de métier du cinéma très important"
Vous avez été conférencier pour cette 78e édition du Festival de Cannes, pour AfroCannes. Est-ce que pour vous, c’est une fierté de pouvoir représenter cette diversité au cœur du cinéma ?
Yassine Azzouz : C’est très gratifiant, surtout que ça vient du côté des États-Unis. J’ai déménagé là-bas pour des raisons professionnelles. Le fait d’avoir réalisé un court-métrage et le fait qu’il soit désormais adapté en série pour la télévision américaine, c’est quelque chose dont je suis assez fier. On voit finalement que le travail paie en dehors du territoire national et c’est très important, surtout quand on traite de la diversité et de l’inclusivité. C’est aussi grâce à des organismes comme AfroCannes, qui sont très sensibles à ces choses-là et qui nous permettent de faire briller notre travail à l’international.
Il y a les conférences AfroCannes, il y a le Pavillon Afrique. Est-ce que pour vous, Cannes est l’un des festivals qui donne espoir à la diversité au cœur du cinéma ?
Yassine Azzouz : Oui, et de plus en plus. Je trouve leur sélection de plus en plus inclusive en termes de diversité, de thématique de sujets et de globalité. Je trouve ça très rassurant. On a plus envie de raconter nos histoires et de suggérer nos scénarios. Et ça, c’est top.
La diversité se fait de plus en plus au cinéma. Grâce à ce long combat que vous menez, est-ce que le prochain combat ne serait pas de lutter contre les rôles parfois trop stéréotypés ?
Yassine Azzouz : Je suis tout à fait d’accord, mais personnellement, ce n’est pas vraiment mon combat. Mon combat, c’est de prendre le contrôle et de raconter nos propres histoires. C’est éviter de subir, pendant les castings, le regard de quelqu’un qui a un point de vue très occidental. On est de plus en plus nombreux à être des acteurs et des actrices issus de la diversité, qui prennent le contrôle de la mise en scène et de l’écriture, et là on est en capacité de raconter nos propres histoires.
Cannes est une véritable fenêtre sur le monde avec les catégories comme Un Certain Regard ou la Quinzaine des Réalisateurs. Ce festival donne de plus en plus de force à des réalisateurs, des metteurs en scène et des acteurs qui viennent de la diversité. Mon combat est vraiment de ce côté-là : raconter notre histoire et s’écrire des partitions qui reflètent notre point de vue du monde. Et quand je parle de notre point de vue du monde, ça peut être aussi celui d’un banlieusard français, qui a une universalité et une thématique globale qui intéressent même le cinéma international.
On va parler mode, car tu es devenu, pour le Festival de Cannes, ambassadeur de la marque Gatsby. Comment s’est passée cette collaboration ?
Yassine Azzouz : C’est une collaboration qui s’est faite pendant le Festival de Cannes. J’ai été contacté et, pour célébrer ces huit ans de collaboration, on a fait un petit film en deux parties : une première partie qui s’appelle First Week et la deuxième qui s’appelle Last Week. Ce film met en avant le cinéma indépendant dans le vieux Cannes, ce qui a inspiré ce mouvement de la Nouvelle Vague et, bien évidemment, la mode. C’est un film très poétique, qui raconte le point de vue de gens venant de la diversité, et c’est entrecoupé de vieilles images d’archives, avec le vieux palais, des montées de marches… On est très contents. On peut voir le film sur ma page Instagram et sur celle de la marque Gatsby.
À quel point les vêtements sont-ils importants pour un rôle ?
Yassine Azzouz : Que ce soit certaines chaussures ou un costume, ta démarche peut totalement changer. Ça donne la possibilité de compléter le physique et l’allure de l’acteur et du personnage. C’est vraiment la cerise sur le gâteau. Si le travail doit être fait en amont, le costume permet d’être prêt à l’image et à la lumière. Il permet d’altérer le jeu et de donner plus de liberté.
Est-ce que, dans un de tes rôles, il y a une pièce qui a pu te marquer pour incarner un de tes personnages ?
Yassine Azzouz : Quand j’ai joué Otello en arabe littéraire. L’expérience du théâtre, c’est vraiment quelque chose, avec des sensations très intenses et une approche du public tellement différente de celle du cinéma. Marcher sur scène avec son costume et délivrer son texte au public, je ressens beaucoup plus le costume que sur un tournage.
Pour les tapis rouges, les avant-premières, quelle importance apportes-tu à ta tenue ?
Yassine Azzouz : Ça permet d’entrer dans un certain protocole, qui, pour les avant-premières, te permet de pouvoir aller voir le film. Bien s’habiller pour aller voir un film, c’est une idée qui me parle. L’idée de bien s’habiller pour aller voir un film, ça met le film à l’honneur et ça met les gens qui présentent le film à l’honneur. On célèbre le film avec eux et ça devient un véritable jour de fête. C’est comme un mariage, on fait un effort de célébration.
Est-ce que pour toi, la mode et le cinéma ne font finalement qu’un ?
Yassine Azzouz : Absolument, parce que la mode, ça reste très créatif. Il y a le regard de quelqu’un qui a été posé, réfléchi et travaillé. Automatiquement, c’est très lié à l’écriture du scénario, à la réalisation, à la cinématographie et à l’interprétation. C’est un mariage parfait. La mode est un corps de métier du cinéma très important.
Quel est le film qui t’a le plus marqué par les costumes ?
Yassine Azzouz : Bizarrement, ce sont les costumes les moins voyants qui m’intéressent, même si Matrix, en termes de costumes, m’a toujours émerveillé. Mais récemment, j’ai beaucoup aimé l’habit du personnage de Souleymane, de ce mec qui se livre, tout en ayant un costume hyper discret et qui nous permet de vraiment rentrer dans l’histoire, dans le quotidien du personnage.
Quand on ne voit plus le costume, c’est que l’on est en totale immersion, et c’est aussi ça le travail : le costume est bien quand il devient invisible. Il devient invisible parce qu’il se marie dans le cadre et dans la photo. Et là, quand on prend cette photo, on ne se dit plus qu’on regarde un costume et un film, mais on regarde un moment de l’histoire du personnage, un moment de vie.



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