Victor Pontecorvo dans Coeurs Noirs : l’acteur nous révèle les coulisses d’un tournage physique
- Dandeu Mathilde
- il y a 2 jours
- 5 min de lecture

Depuis la saison 1 de Cœurs Noirs, Victor Pontecorvo offre un jeu magistral en incarnant son personnage, Spit. Un homme meurtri par la guerre, qui, dans la saison 2, fera tout pour sauver l’un des siens, enlevé par un groupe de terroristes. Pour parler de ce tournage parfois extrême, PressEyes est allé à la rencontre de l’acteur.
"Cœurs Noirs", c’est l’histoire d’un groupe des Forces Spéciales envoyé en Irak pour démanteler un réseau de terroristes composé essentiellement de Français, menant des opérations en Irak et en France. Un groupe de camarades unis, dans lequel on retrouve Spit.
Incarné par Victor Pontecorvo, Spit est un commando meurtri par la guerre. La série révèle ses failles, sa fragilité, ce qui offre une nouvelle vision de l’armée, de la masculinité, et – il faut le dire – fait du bien.
Un personnage d’une grande sensibilité, qui n’en oublie pas pour autant sa mission : celle d’aider ses camarades sur le terrain, quitte parfois à devoir tirer sur l’ennemi. Spit est ce personnage à la fois fort, courageux et d’une grande douceur, auquel le spectateur ne peut que s’attacher.
Pour nous en parler, nous avons rencontré Victor Pontecorvo, qui, en plus de lui prêter ses traits, offre au public une interprétation d’une grande authenticité.
Comment es-tu arrivé sur le tournage de Cœurs Noirs ?
Victor Pontecorvo : Par la voie classique : j’ai passé deux tours de casting. Un premier tour avec le directeur et la directrice de casting, Annette Trumel et Stéphane Touitou. Ensuite, un tour avec Ziad Doueiri et Annette Trumel.
J’avais un autre projet sur lequel j’avais été retenu, et j’ai dû choisir entre les deux. J’ai accepté Cœurs Noirs parce qu’il y avait quelque chose que j’avais envie de défendre, et un univers que j’avais envie de découvrir : celui des Forces Spéciales.
Qu’est-ce qui t’a attiré dans le scénario ?
Victor Pontecorvo : Les scénarios, on les a eus très tard. Ce n’est pas forcément eux qui m’ont attiré, mais plutôt l’idée de « rentrer dans l’intimité » des Forces Spéciales, des militaires d’élite. Comme beaucoup, j’avais des a priori sur l’armée, et j’avais envie de comprendre. On a fait de vraies rencontres, avec deux stages d’immersion : un pour la saison 1 au 13e RDP (Forces Spéciales Terre), et un chez les commandos marine (Forces Spéciales Mer), pour la saison 2.
(Pour découvrir comment se sont passés ces stages, voir l’interview vidéo ci-dessous.)
C’est une série très physique : vous portez beaucoup d’armement, sans compter la chaleur du Maroc, le froid la nuit… Est-ce que c’était un plaisir, ou y avait-il un peu de souffrance ?
Victor Pontecorvo : Est-ce qu’il n’y a pas un peu de plaisir dans la souffrance ? Tout dépend de la dose. Je pense qu’on a eu des moments difficiles, que ce soit sur la saison 1 ou la 2, mais justement, ce sont de très bons souvenirs. Entre les équipements, la chaleur du désert ou le froid la nuit, les conditions étaient parfois rudes, mais ce n’est pas grand-chose. On n’oubliait jamais que les Forces Spéciales subissent bien plus.
Tu interprètes Spit, un personnage assez sombre, qui montre une certaine fragilité. Comment l’as-tu travaillé et comment as-tu exploré son état psychologique ?
Victor Pontecorvo : Je me suis pas mal intéressé au syndrome post-traumatique. J’ai un ami qui est parti au Mali et qui a été très marqué. On a beaucoup parlé, car il a eu beaucoup de difficultés à revenir à une vie normale. J’ai aussi lu des livres, écrits par d’anciens soldats atteints par ce syndrome – des blessés de guerre, invisibles mais réels. Ensuite, j’ai composé avec ce que j’ai ressenti en parlant avec les soldats que j’ai rencontrés. On voit quand quelqu’un est marqué par la guerre. Ils vivent des choses très dures. J’essaie de capturer cela à l’image, tout en jouant aussi ma sensibilité, mes failles, mes souffrances. C’est un tout.
Il y a beaucoup de scènes de nuit. Est-ce différent de tourner de nuit que de jour ? Est-ce qu’il y a une ambiance particulière ?
Victor Pontecorvo : La nuit, c’est toujours compliqué, car souvent, on enchaîne des journées entières de tournage de jour, puis on passe en mixte, et enfin en tournage uniquement de nuit. Il y a toujours un petit décalage, et en fin de nuit, une belle fatigue. Mais une fois le rythme pris, c’est aussi plaisant de jouer de jour comme de nuit. J’ai beaucoup aimé, même si dans le désert, la nuit, il fait bien froid. Dans certaines parties du Maroc, on pourrait penser qu’il fait chaud la nuit, mais ce n’est pas toujours le cas. Je pense qu’on se souvient tous avoir eu un peu froid (rire).
Sans spoiler, pourrais-tu nous dire ce qui est pure fiction dans la série, ce qui serait impossible dans la réalité ?
Victor Pontecorvo : Déjà, il y a des petits détails matériels : ils ne sont pas équipés exactement comme dans la série. Il n’y a pas de femmes dans les commandos qui partent comme Sab sur le terrain. Elles font davantage du renseignement. Par contre, il y a des femmes tireuses d’élite. Je me souviens d’une certaine Lamia, dans un régiment français, qui est très forte. Elle a une telle renommée que même moi, qui suis un néophyte, j’en ai entendu parler.
Je trouve très intéressant et malin d’avoir intégré une TLD (tireuse longue distance), car il y en a réellement. Et je pense que, pour la fiction, il fallait une femme dans le groupe. Je trouve ça super : c’est un personnage absolument génial.
Est-ce que c’est un rêve de petit garçon, de jouer dans Cœurs Noirs, de "jouer à la guerre" ?
Victor Pontecorvo : Complètement. On n’est pas encore sortis totalement du patriarcat, et les petits garçons, dans la cour d’école, aiment bien jouer à la guerre. Va savoir pourquoi ? Est-ce quelque chose de générationnel ? Je suis le premier de ma lignée à ne pas avoir fait la guerre. Mon père a été engagé de force pendant son service militaire. Mes grands-pères ont fait la Seconde Guerre mondiale, et mes arrière-grands-pères, la Première… À quel point ça trotte dans la tête d’un petit garçon issu de cela ? À quel point c’est de l’acquis ou de l’inné ? Et là, dans Cœurs Noirs, on ne risque absolument rien, car on est devant une caméra. Il y a quelque chose d’assez génial.
Peux-tu me définir Spit en quelques mots ?
Victor Pontecorvo : Consciencieux, bon camarade… mais profondément marqué.
Comments