Gwendal Marimoutou : un acteur qui veut sortir des cases
- Dandeu Mathilde
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Si son nom vous dit quelque chose, c’est peut-être que vous l’avez déjà vu performer magistralement sur la scène du Mogador dans la comédie musicale Le Roi Lion. Désormais, vous pouvez le retrouver dans la série Léo Matteï, Brigade des Mineurs, disponible en replay sur TF1. Un nouveau rôle, une nouvelle aventure, qui a su offrir à Gwendal Marimoutou un rôle loin de tout stéréotype. Rencontre.
Par Mathilde Dandeu
Pendant des mois, Gwendal Marimoutou a brillé sur la scène du Mogador dans la comédie musicale Le Roi Lion, dans laquelle il prêtait ses traits à Simba. Un spectacle d’une grande envergure, qui l’a fait connaître du grand public. Par son charisme, impossible de passer à côté de cet artiste, qui se retrouve invité dans de nombreuses émissions. Il fait désormais partie de ces stars de comédie musicale, ce qui lui a ouvert les portes à d’autres rôles comme ce dernier dans "Léo Matteï, Brigade des Mineurs", porté par Jean-Luc Reichmann.
Une série qui lui a également permis de changer totalement de look : loin de la coupe afro qui est devenue sa signature, on retrouve le comédien, cheveux plaqués, lunettes de vue, dans la peau d’un enquêteur très à l’aise avec l’IA. Mais avant de vous en dévoiler un peu trop, on a pu rencontrer le comédien, qui nous a parlé de son parcours et de cette nouvelle expérience dans Léo Matteï, toujours disponible en replay sur TF1.
J’ai trouvé génial qu’on m’ait donné l’opportunité de changer de tête
À quel moment tu as su que tu voulais devenir comédien ?
Gwendal Marimoutou : Je l’ai su très tôt. C’est quand j’accompagnais mon père, qui était chanteur. Il faisait des concerts avec son groupe de rock alternatif dans des lieux assez originaux, et assez éloignés de tout ce qui est média, commercialisation… c’était un grand performer.
Il y a un soir, je devais avoir 3 ans, il était deux heures du matin, je n’étais toujours pas couché et j’étais comme hypnotisé par le concert et par ce qu’il faisait. Il m’a fait monter sur scène pour chanter une chanson que j’avais apprise à l’école maternelle, devant tous les rockeurs, donc ça devait être très marrant. Je suis sorti de scène et c’est là que je me suis dit : "c’est ça que je veux faire".
La deuxième révélation, je l’ai eue dans la Lion King School, quand j’ai été sélectionné pour faire Le Roi Lion, pour être le petit Simba. C’est une école gérée par des équipes américaines qui nous donnent des cours de chant, de danse et de théâtre. C’est là où j’ai vu que je pouvais chanter, mais aussi danser et faire de la comédie.
Qu’est-ce que tu aimes dans l’interprétation ?
Gwendal Marimoutou : C’est le fait d’avoir mille vies, mille métiers. Là, dans "Léo Matteï", jamais de ma vie je ne m’étais projeté en enquêteur à la brigade des mineurs, et c’est super de pouvoir vivre ces expériences. C’est de pouvoir, à travers un personnage, tout se permettre et partager des émotions. C’est galvanisant.
Si tu devais donner la définition d’un acteur ?
Gwendal Marimoutou : Être acteur, c’est raconter des histoires, c’est réussir à faire en sorte que le téléspectateur se retrouve en nous, qu’il puisse s’identifier. C’est aussi émouvoir, faire rire, faire rêver, donner de l’espoir, faire passer des messages… ça sert à ça notre métier.
Dans "Léo Matteï", je trouve important de donner de la visibilité aux brigades des mineurs. Ces gens qui font partie de cette branche de métier sont des anges gardiens de la police. Leur but est de sauver des enfants tous les jours. En traitant des cas comme ça, à chaque saison, à chaque épisode, c’est aussi beaucoup de prévention auprès du grand public en abordant des thèmes parfois très tabous autour de l’enfant et de l’enfance.
Si ça peut libérer la parole, parfois dans des foyers un peu compliqués, c’est extraordinaire.
Comment tu es arrivé sur Léo Matteï ?
Gwendal Marimoutou : J’ai fait l’émission de Jean-Luc Reichmann et on se connaissait un peu. Lola Dubini est ma meilleure amie, elle est vraiment ma sœur depuis 15 ans. Ça fait 4 ans qu’elle est dans la série, et ça faisait trois ans que je venais les voir, car on ne peut pas rester quatre mois séparés. Je venais à Marseille les retrouver, j’allais les voir sur le plateau de tournage, on se faisait des dîners avec Jean-Luc et Nathalie, sa femme, qui est la réalisatrice de la série.
J’avais pu être touché par la bienveillance de l’équipe, et l’efficacité de cette centaine de personnes, qui pendant quatre mois faisaient en sorte que la série puisse sortir. Cette année, quand ils m’ont proposé ce rôle d’enquêteur expert en intelligence artificielle, j’ai trouvé ça super et j’ai accepté direct. J’étais trop content de rejoindre l’aventure et j’ai été trop bien accueilli.
J’étais tout de même un peu impressionné, car ce n’est jamais facile d’arriver quand ça fait déjà un mois que toutes les équipes tournent et que ça fait dix ans que Jean-Luc fait Léo Matteï. Ce n’était pas évident d’arriver et d’avoir le lead sur les scènes. On n’a pas le temps de laisser place à l’intimidation ou de prendre le temps d’être à l’aise.
Finalement, c’est aussi une habitude que tu as depuis toujours, de rentrer sur scène, d’être dans le moment présent et de ne pas laisser place à l’intimidation…
Oui, mais c’est toujours marrant d’avoir un petit trac. De ressentir ce trac quand on arrive sur le plateau, et justement, comme je suis habitué et que c’est vraiment mon métier, le trac maintenant ce n’est pas comme à mes débuts, où j’avais le trac une semaine avant. C’est un trac qui est un peu plus traître maintenant, car ça arrive vraiment juste avant, on ne le sent pas arriver (rire).
On arrive sur le plateau, puis on est un peu impressionné, même si ça fait déjà une heure que l’on est là, parce que maquillage, coiffure… et on arrive sur le set, et trois minutes avant que l’on dise "action", on commence à ressentir la pression. Je trouve ça galvanisant, et ça donne ce petit pic d’adrénaline.
Tu joues un enquêteur spécialisé dans l’IA, une intelligence artificielle qui divise beaucoup. Est-ce que pendant le tournage tu as pu trouver que l’IA pouvait être réellement un plus pour les enquêteurs ?
J’ai trouvé ça super, car on crée à l’écran quelque chose qui fonctionne très bien : un conflit générationnel avec le personnage de Jean-Luc, Léo Matteï, qui est lui un homme de terrain, un enquêteur, et là d’un coup il y a un gars, qui arrive et qui dit : "Non mais je te vois courir dans tous les sens, je vais résoudre ton enquête en restant dans mon bureau, sans gaspiller toute mon énergie comme vous."
On part sur ces bases-là, avec deux mondes qui s’affrontent, et évidemment que l’on va se rendre compte que oui, l’IA est un formidable outil pour essayer d’élucider certaines zones d’ombre, mais elle ne pourra jamais remplacer toute l’expérience et l’expertise qu’a un enquêteur, qu’un humain.
L’IA est au cœur de nos débats. Je trouve qu’à titre personnel, ça ne sert à rien d’aller contre une invention. Il faut vivre avec son époque et, comme partout, je pense qu’il faut savoir légiférer. Il faut faire preuve de protection et éviter que l’intelligence artificielle remplace trop de métiers : je pense aux gens du doublage, qui se battent depuis quelques années pour légiférer tout ça. Rien ne peut remplacer l’émotion d’un doublage.
Après, quand on doit refaire un passage parce qu’on a le nez bouché et que c’est une phrase dénuée de toute émotion, et qu’il faut juste dire "tu vas bien" et que ce n’est pas bien sorti, est-ce que l’on a besoin de mobiliser un ingé son, un directeur d’acteurs, l’acteur en question, un studio, pour juste réenregistrer trois mots qui ne sont pas bien sortis ?
Qu’est-ce que tu as pu apprendre lors du tournage de Léo Matteï : Brigade des Mineurs ?
Gwendal Marimoutou : La rigueur, car c’est une série policière, il y a tout un jargon à respecter. Dans mes scènes, je ne pouvais pas vraiment improviser, on arrive avec beaucoup de descriptions, car il s’agit d’une enquête. C’est aussi la rigueur d’une série, où l’on a moins de temps qu’un film : il y a plus de scènes à rentrer dans la journée, et il faut être beaucoup plus efficace sur les prises, car on ne peut pas faire perdre du temps à une équipe en refaisant une prise parce que l’on n’est pas sur le texte, sur les intentions… il faut être efficace au bon moment, au bon endroit…
La scène m’apporte cette rigueur car sur scène, on ne peut pas refaire, il faut être concentré. Ce qui m’a plu aussi, c’est que c’est un immense cadeau que de m’avoir permis de changer de tête, et j’ai envie de dire merci. Car ça fait 12 ans que l’on me connaît avec la coupe afro, puis là, d’incarner un tout nouveau personnage me faisant changer de look totalement, c’est vraiment super en tant qu’acteur.
C’est vrai que sur le coup, j’ai eu du mal à te reconnaître…
Gwendal Marimoutou : Moi aussi (rire). Puis en France, les gens n’ont pas suffisamment l’imagination nécessaire et on aime mettre les acteurs dans des cases.
Là, j’ai trouvé génial qu’on m’ait donné l’opportunité de changer de tête, me challenger, me sortir de ma zone de confort, c’est toujours un plaisir
Est-ce que tu as des projets en cours ?
Gwendal Marimoutou : J’ai de la chance que TF1 m’ait renouvelé sa confiance pour leur prochaine série quotidienne, qui va débarquer bientôt. C’est une série musicale, qui va s’appeler Tout pour la lumière. Elle sera aussi diffusée sur Netflix et j’interprète le rôle de Jacob. On incorpore du chant, de la danse, de la comédie. Il y a 90 épisodes à rentrer, donc le rythme est très intense et l’équipe artistique est dingue, je suis trop content.
En parallèle, je suis encore en tournée avec le spectacle Les Comédies Musicales : le best of, qui est un concert qui réunit les stars des comédies musicales. On reprend les titres qui nous ont fait connaître du grand public et des kiffs internationaux, et c’est notre cinquième tournée. On vit un rêve, car on ne pensait pas que ça marcherait autant.
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