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Martin Luminet : un musicien qui fait de sa vie un cinéma

  • Photo du rédacteur: Dandeu Mathilde
    Dandeu Mathilde
  • il y a 1 jour
  • 6 min de lecture

Martin Luminet

Martin Luminet ne peut se passer du cinéma, qui lui offre cette possibilité de rêver et de se raconter ses propres histoires. Des histoires bercées par des bandes originales qui l’animent et le mènent vers une passion effrénée pour la musique. Désormais, il ne peut séparer cinéma et musique. Bien qu’il ne soit pas encore scénariste ou réalisateur, chacune de ses interprétations et compositions est le reflet d’un film qui l’a marqué ou, tout simplement, du propre film de sa vie. Membre du jury au Festival de Cannes dans la catégorie Un Certain Regard, pour le Prix de la Meilleure Création Sonore, le musicien a répondu à nos questions.



Et si la médecine n’était pas la seule chose qui pouvait sauver l’être humain ? La musique aussi aurait cette force. D’ailleurs, elle a sauvé la vie de Martin Luminet, qui, dans un tourbillon de sa vie, s’ennuyait (à mourir ?)… Mais avant elle, il y a le cinéma, un cinéma qui le transporte par ses bandes originales, qui ne font qu’un avec les films.


Aujourd’hui, il compose en regardant des images, avant de les chanter et de sauver à son tour un public parfois un peu perdu dans les méandres d’une société parfois cruelle. Dans une interview, il se livre sur sa vie, sa propre bande originale.


Martin Luminet : "Je me suis mis à la musique grâce au cinéma"


À quel moment tu as su que tu voulais vivre de la musique ?


Martin Luminet : C’est arrivé assez tard dans ma vie. Ce n’était pas un choix, je n’ai pas vraiment choisi de faire de la musique. Elle est venue à un moment où je faisais des études et je m’ennuyais. J’ai des amis qui se sont mis à faire de la musique à ce moment-là, et par amitié je les ai suivis là-dedans.


J’ai eu une révélation, car c’était la première fois que je ressentais que j’avais une passion pour quelque chose. J’avais cette sensation que, si je laissais passer cette chose par prudence ou pudeur, j’allais passer à côté de ma vie. La musique est venue à moi un peu par accident, au moment où je cherchais ce que je voulais faire/devenir. On peut dire qu’elle m’a un peu sauvé la vie.


En quoi la musique a pu te sauver la vie ?


Martin Luminet : Elle lui a surtout donné un sens, et je lui donne désormais toute mon énergie. Je viens d’une famille très pudique, qui cache ses émotions, et je ne comprenais pas pourquoi j’en avais autant. J’ai compris, grâce à la musique, que je pouvais exprimer tout ce que je ressentais, que ce soit de la tristesse, de la colère…





Tu te formes à la musique et à la mise en scène, qu’est-ce que tu aimes dans ce lien entre la musique et le cinéma ?


Martin Luminet : Le cinéma sans la musique, tu perds tout un tas d’émotions. Quant à la musique, quand tu fermes les yeux, on a souvent des images qui nous viennent de suite : elle peut nous plonger dans des souvenirs ou nous ramener à notre imagination.


Je me suis mis à la musique grâce au cinéma. Quand je m’ennuyais à la fac, je séchais les cours et j’allais voir deux à trois films par jour, et c’est à ce moment-là que le cinéma a structuré mon esprit artistique. Et quand j’écris mes textes, je pense souvent à des films.


Une bande originale qui, pour toi, est la plus belle ou qui t’a donné envie de composer pour le cinéma ?


C’est Les Chansons d’amour de Christophe Honoré.


Tu fais partie du jury de la Meilleure Création Sonore de cette 78e édition du Festival de Cannes, comment tu es arrivé dans le jury ?


Martin Luminet : J’ai été appelé. Je suis dans un label, Barclay, qui dépend d’Universal. Chez Universal, ils sont très impliqués auprès de la Semaine du Son (fondée par Christian Hugonnet en 1998). On a pu constater que les façons dont sont mixées certaines chansons et certains albums finissent par détériorer la musicalité des choses. Et ce prix permet de montrer l’importance du son dans l’art, mais aussi au cœur de la société. Car une société qui ne s’entend plus devient une société violente… et je suis très sensible à toutes ces questions-là.




Ils ont toujours, dans le jury de la Semaine du Son, un artiste issu de la musique et qui ne vient pas du cinéma, pour avoir un regard dénué de ce monde . Quand ils ont demandé à Universal un artiste, ils savaient que j’étais très amoureux du cinéma, donc ils m’ont proposé.


Quel travail ça demande de faire partie du jury ?


Je ne sais pas si j’appellerais ça un travail, mais un plaisir. On doit regarder tous les films de la catégorie Un Certain Regard et l’idée, c’est de regarder les films avec les yeux, bien évidemment, mais surtout avec les oreilles. On doit juger si le film a compris que sa portée sonore est aussi importante que sa portée visuelle. Et c’est assez passionnant de voir comment certains et certaines réalisateurs/trices ont réussi à dompter ça et quelle est leur sensibilité.


Faire partie de ce jury, c’est pour toi un tremplin pour donner de la visibilité à ta musique, faire de nouvelles rencontres et t’ouvrir à de nouveaux projets ?


Martin Luminet : J’ai toujours trouvé que n’importe quelle rencontre humaine, au-delà du professionnel, était bénéfique. On est là pour se rencontrer, pour voir ceux et celles qui partagent les mêmes valeurs que je peux défendre dans ma musique. Et ça me rassure dans un monde de plus en plus divisé chaque jour. Je suis très attaché au cinéma, un véritable amoureux de cinéma, et dans mon écriture j’espère qu’un jour je serai capable de sortir un texte plus long qu’une chanson.


Je réalise des clips et je sais que la réalisation trotte depuis un bon moment dans ma tête. Peut-être qu’un jour je concrétiserai, et des semaines comme ça peuvent m’aider à savoir si ça me fait vraiment envie ou pas.


Pour parler de ta musique, quand tu composes, comme pour ton album DEUIL(S), est-ce que tu peux penser au cinéma ? J’ai trouvé qu’il y avait quelque chose de très cinématographique dans tes paroles.


Martin Luminet : C’est gentil, merci. C’est très juste, comme je le disais, je regarde beaucoup de films. J’écris beaucoup au cinéma et c’est un peu chiant, parce que parfois j’ai des émotions grâce à des films qui me font penser à une phrase, à une punchline ou une citation… qui va faire remonter un truc en moi. Comme je n’ai pas de mémoire et que je veux me concentrer sur le film, je me mets à écrire dans le cinéma.


Quand j’écris mes chansons, pour mon album, je pense souvent à des séquences de films, à des choses un peu plus travelling. Une chanson, c’est pour moi plus un travelling qu’un poème. C’est quelque chose de très important pour moi. J’ai beaucoup de films et d’images qui m’accompagnent.


J’ai trouvé que tu avais beaucoup d’influence d’Étienne Daho, dans ta voix, dans ta façon de chanter. Je ne sais pas si c’est un artiste qui t’a accompagné dans ta jeunesse ou que tu écoutes ?


Martin Luminet : Je me rends compte que je ne l’écoute pas assez, car tu n’es pas la première à me le dire. Mais je l’adore humainement et artistiquement. Mais je ne connais pas assez bien son œuvre, sur laquelle je vais me pencher, car ça va devenir louche si on me pose des questions sur lui et que je ne sais pas répondre (rire).



Avec quel réalisateur ou scénariste tu rêverais de travailler si on te proposait d’écrire la musique d’un film ?


Martin Luminet : Mon rêve absolu, ce serait Greta Gerwig. Je trouve que c’est la personne la plus brillante dans le cinéma aujourd’hui. C’est celle qui me touche le plus. Je serais hyper heureux. Tu m’as demandé un rêve, donc je te dis un rêve.


Quelle définition tu donnerais de la musique ?


Martin Luminet : J’aime bien dire que la musique se définit en fonction de ce que notre ventre ressent quand on l’écoute. Elle peut nous rappeler un souvenir, nous amener très loin, et une même musique peut t’amener à des souvenirs très différents en fonction de la période à laquelle tu l’écoutes. Pour moi, la musique est comme un film infini. Elle est un film qui se déroule, et je trouve ça assez fort. Quand j’écoute de la musique, j’ai toujours beaucoup d’images.


Un bel artiste à absolument découvrir ! Coup de chance, il sera à l'Olympia le 7 avril 2026.

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