L’intérêt d’Adam : 5 raisons d’aller voir ce film au cinéma
- Dandeu Mathilde
- il y a 4 jours
- 4 min de lecture

Préparez les mouchoirs. Si vous aimez les films dramatiques à portée sociale, L’intérêt d’Adam est le film à ne pas manquer. Un long-métrage signé Laura Wandel, qui pousse à la réflexion, mais surtout, qui ne vous laissera pas indemne.
Réalisé par Laura Wandel, "L’intérêt d’Adam"raconte, comme son titre l’indique, l’histoire d’Adam. Un petit garçon de 4 ans, sans trace visible de maltraitance, mais souffrant de malnutrition. Hospitalisé d’urgence après une décision de justice, il refuse de se nourrir en l’absence de sa mère.
Une mère en détresse, qui trouve le soutien de Lucy, l’infirmière en chef, qui accepte de la laisser rester plus longtemps auprès de son fils... jusqu’au jour où elle refuse carrément de quitter l’hôpital.Comment Lucy va-t-elle gérer la situation ? Et surtout, jusqu’où un soignant peut-il aller pour aider une mère perdue, aimante mais dépassée ?
Le lien d’une mère à son enfant
Le lien entre une mère et son enfant est parfois inexplicable — c’est ce que Laura Wandel met brillamment en lumière dans "L’intérêt d’Adam". Un lien si fort qu’il en devient destructeur, comme pour Rebecca et Adam.Jeune maman, Rebecca élève son fils seule. Comme toutes les mères, elle veut le rendre heureux… mais l’amour qu’elle lui porte devient envahissant, exclusif : elle rejette le père, coupe les liens, garde Adam pour elle seule.Jusqu’à ne plus vouloir qu’il grandisse ? Qu’il reste dépendant d’elle ?
Adam, en état de malnutrition, ne veut se nourrir qu’en sa présence. Pour lui, sa mère est le seul repère, la seule personne digne de confiance. Ce lien fusionnel soulève une question centrale : comment trouver un équilibre pour que chacun — mère et enfant — puisse exister pleinement, sans se confondre ?
Le film souligne qu’être mère, surtout seule, est un défi permanent. Rebecca étouffe son fils sans en avoir conscience, tandis que Lucy, elle aussi mère célibataire, culpabilise de ne pas être assez présente pour sa propre fille. Pour compenser, elle s’acharne dans son travail… peut-être trop.
L’intérêt d’Adam dresse un portrait juste et bouleversant de la condition des mères seules : certaines, par peur de mal faire, étouffent leur enfant ; d'autres, en voulant leur offrir le meilleur, finissent par s’éloigner d’eux.
Un film qui interroge notre rapport à l’alimentation… et à la peur
Rebecca est obsédée par ce que mange son fils — au point qu’il finit en malnutrition. Elle ne fait confiance à personne : ni aux plateaux-repas de l’hôpital, ni aux médecins. Adam, de son côté, refuse de manger quoi que ce soit sans l’accord de sa mère, convaincu que les aliments pourraient lui faire du mal.
Elle lui impose un régime strict, sans aucune valeur nutritive. Mais d’où vient cette peur ? Le film ne donne pas toutes les réponses, mais pousse à la réflexion. Cette obsession alimentaire n’est-elle pas aussi une manière de garder le contrôle sur son enfant ? De le maintenir dans une dépendance infantile, comme s’il était encore nourrisson ?
Au-delà du lien toxique entre la mère et l’enfant, le film soulève une autre question : peut-on encore faire confiance à l’industrie alimentaire ? Additifs, sucres cachés, produits transformés… Peut-on blâmer une mère qui doute de ce qu’on sert à son enfant ? Le film interroge aussi notre société de consommation, ses dérives, ses scandales sanitaires à répétition… et la difficulté, aujourd’hui, de nourrir ses enfants sans inquiétude.
Une mise en scène sobre et percutante
Pour raconter cette histoire puissante, bouleversante et dénonciatrice d’une société indifférente au quotidien des mères célibataires, Laura Wandel a opté pour le huis clos. L’histoire se déroule au cœur d’un hôpital, ce qui renforce la force du scénario. Un choix qui permet aux spectateurs de ressentir toute la détresse d’une mère ne voulant pas quitter les lieux, de peur de laisser son fils seul.
La caméra s’immisce également dans le quotidien de ces soignants, et Laura Wandel n’a pas eu peur de filmer leur désarroi face à des situations complexes : les heures qui s’accumulent, les cernes qui se creusent, mais surtout leur détermination à sauver leurs patients, quitte à négliger leur propre famille.
Une mise en scène qui prend aux tripes, avec des personnages filmés avec authenticité, au point qu’on pourrait presque ressentir leurs souffrances et leurs tourments.
Quand le soin dépasse le cadre : le dilemme incarné par Sandrine Kiberlain
Si le rôle d’Anamaria Vartolomei, qui incarne Rebecca, prend beaucoup de place, notons que celui de Sandrine Kiberlain, dans celui de Lucy, rend hommage aux personnels soignants, tout en bousculant leur déontologie de "simples soignants".
En effet, la réalisatrice pose la question : à quel moment un soignant doit-il mettre des limites avec ses patients ? À quel moment doit-on dire stop ? Est-il possible de toujours garder une distance ?
Dans le rôle de Lucy, Sandrine Kiberlain amène à toutes ces réflexions avec un personnage qui dépasse largement ses fonctions d’infirmière. Le film révèle que Lucy n’est pas seulement une soignante : elle est une femme avec son histoire, celle aussi d’une mère célibataire… Elle se laisse toucher par l’histoire de Rebecca, qui peut lui sembler familière, et développe une forme d’attachement profond pour cette jeune mère. Son regard, à la fois bienveillant et inquiet, devient un fil émotionnel puissant du film.
L'Intérêt d'Adam : conclusion
"L’intérêt d’Adam" est bien plus qu’un film sur un enfant en sous-nutrition… c’est un cri envers cette société qui met de côté les mères célibataires. Des jeunes mamans, le plus souvent jugées et abattues par les regards et les jugements, alors qu’elles ne demandent qu’à être prises en charge, à être aidées.
C’est aussi le regard d’une sororité entre cette infirmière, qui seule peut comprendre la solitude de Rebecca, et lui tend la main.Un film d’une importance publique, pour mieux venir en aide à toutes ces mamans dans le besoin — pour l’intérêt de leurs enfants.
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