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Freud : 5 raisons d’aller au cinéma

  • Photo du rédacteur: Dandeu Mathilde
    Dandeu Mathilde
  • il y a 4 jours
  • 4 min de lecture
Anthony Hopkins

Si vous aimez les grands dialogues sur fond de drame, Freud est le film qu’il vous faut pour ce week-end. Porté par Anthony Hopkins, il se glisse dans la peau de Freud, malade, qui se révèle en scientifique aux idées bien conçues à travers un dialogue sur Dieu, l’amour, la sexualité, la paternité, partagé avec C. S. Lewis, l’auteur du Monde de Narnia, joué par Matthew Goode.



Pour les grands historiens, il ne s’agit pas d’une autobiographie ou d’un pan de vie de Freud. Le film au titre éponyme révèle certes le scientifique dans ses derniers jours, mais dans une pure fiction. Ce qui rassurera ceux et celles qui ne connaissaient pas vraiment sa vie.


"Freud", de Matthew Brown, adapté de la pièce de théâtre "Freud’s Last Session" de Mark St. Germain (scénariste du film), elle-même inspirée du livre "The Question of God", du psychiatre et professeur à Harvard Armand Nicholi, ce long-métrage a imaginé une longue conversation avec l’auteur du Monde de Narnia, C. S. Lewis.


Atteint d’un cancer de la mâchoire, on retrouve le psychanalyste chez lui à Londres. Sa fille à ses côtés, ses jours sont désormais comptés. Une réalité à laquelle il fait face, alors peu importe s’il est un peu aigri ou capricieux, dans quelque temps il ne sera plus là. Curieux jusqu’au bout, il décide de rencontrer C. S. Lewis, un romancier et chrétien revendiqué qui, dans un de ses ouvrages, cite Freud. Une rencontre qui va se transformer en une longue conversation autour de Dieu, de l’amour, de la sexualité, de la paternité, jusqu’à en devenir un véritable duel.


Freud : La science VS la foi


Cette dualité est le thème principal qui va rythmer le film du début à la fin, dans chacun des questionnements évoqués. Le spectateur se retrouve face à la confrontation d’un homme, Freud, qui ramène tout à la science. Pour lui, Dieu n’existe pas. D’ailleurs, pourquoi croirait-on un homme qui s’est dit Dieu et pas ses patients qui se disent les enfants de Dieu, que l’on considère comme fous ?


De l’autre côté, nous avons C. S. Lewis, un romancier, qui fait presque de sa vie un roman. Peut-être pour oublier ses traumatismes du passé ? Croyant, il revendique sa religion. Une religion qui lui permet de se rattacher à l’espoir, à la vie.


Les traumas et la place du père


C’est l’un des sujets forts de cette conversation : celui des traumatismes, notamment liés à l’enfance. Ainsi, C. S. Lewis fait part de sa peur de l’abandon. L’auteur relate son enfance difficile après que sa mère est décédée et que son père décide de le mettre en pension. Une pension éloignée de l’Angleterre, sur une île où seule l’eau prenait une place immense. Un père qui s’est délesté de ses enfants, sans vraiment s’en soucier. C. S. Lewis s’est-il rattaché à Dieu, seule figure paternelle qu’il connaissait et qui ne le quitterait jamais ?


À contrario, Freud semble avoir eu un père un peu plus aimant, qui aimait l’amener se balader en forêt. Une forêt à laquelle rêvait chaque soir C. S. Lewis. On y voit l’homme envier le psychanalyste, qui émet tout de même la rancœur qu’il avait contre son père…


Puis, Freud est devenu père à son tour, et pas des meilleurs. Un père un peu trop imposant, exigeant et excessif. Sa fille Anna ne vit que par lui, ne voit que par lui, ne croit que lui. Lui aurait-il volé toute liberté de penser ? Toute liberté de vivre comme elle l’entend ? Un père qui se révèle être à l’image de l’homme toxique qui sait comment manipuler sa fille, en lui donnant cette sensation qu’elle a besoin de lui et qu’il a besoin d’elle.


La vision de la sexualité


De son œil scientifique, Freud voit la sexualité comme quelque chose qu’il est important de normaliser. Elle fait partie intégrante de l’être humain et fait que l’humanité existe. De son vieil âge, il a une vision assez libératrice, même quand il s’agit de deux hommes.

C. S. Lewis fait de la sexualité quelque chose de plus romantique et romancé. De par sa foi envers Dieu, on sent que le sujet peut le gêner et donne à la sexualité une certaine pudeur.



Néanmoins, il n’a pas peur de confronter Freud. Si ce dernier n’a rien contre l’idée que deux hommes puissent être ensemble, que pense-t-il du lesbianisme ? Sa fille aimant les femmes, c’est un tout autre sujet qui heurte assez vite le scientifique. En effet, ce dernier ne supporte pas l’idée qu’Anna soit attirée par les femmes et considère que les femmes ne peuvent être ensemble. Dans un fléau de flashbacks, on peut même y voir des images assez douloureuses, d’une jeune femme qui se croit, de par son père, malade d’aimer une personne du même sexe.


Ce à quoi C. S. Lewis lui fait comprendre que son raisonnement de scientifique n’est pas juste — ou même injuste — quand lui prône l’amour pur et serein.


L’emprise de la nature


"Freud "est un huis clos qui se déroule chez le scientifique, mais grâce à des flashbacks, la nature peut s’exprimer. Puis, que serait un film qui met en lumière l’auteur du Monde de Narnia sans faire un clin d’œil à l’œuvre, qui est imprégnée de nature et d’animaux ?


Ici, le film donne de l’importance à la forêt, une forêt dans laquelle on se perd, faisant référence à ces deux hommes finalement perdus : l’un abandonné par son père, se retrouvant des années plus tard seul au front à combattre l’ennemi ; puis Freud, qui s’est oublié à défaut de sa science.


Une forêt qui est aussi le synonyme de grandeur, de liberté et d’échappatoire. Elle représente aussi le souvenir, celui d’un cadeau important pour C. S. Lewis et celle des balades interminables pour Freud.


Le casting


On ne présente plus Anthony Hopkins, qui, dans "Freud", offre une prestation magistrale aux côtés de Matthew Goode. Un duo fort, qui offre à ce dialogue une certaine rythmique qui en devient presque musicale et permet au public de ne pas sombrer dans l’ennui. Bien au contraire, on est dans l’attente de la réflexion de l’autre, de son raisonnement, de son questionnement. Le réalisateur offre au film une fine limite entre le cinéma et la pièce de théâtre. Une mise en scène majestueuse s’entremêlant à un scénario d’une grande richesse sur la science et Dieu.

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