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Emmanuelle Bouaziz : une actrice intense au service de l’émotion


Emmanuelle Bouaziz : une actrice intense au service de l’émotion
© Instagram @emmanuellebouaziz

Passionnée, nostalgique, rêveuse : voilà comment on pourrait décrire Flore dans Un si grand soleil. Et qui de mieux qu’Emmanuelle Bouaziz, une actrice intense et fougueuse, pour l’incarner ? C’est au cours d’une longue conversation que la comédienne nous a parlé de son personnage, du travail qu’exige une quotidienne et, enfin, d’amour !



Danseuse, Emmanuelle Bouaziz dégage une présence naturelle : quand elle entre dans une pièce, impossible de ne pas la remarquer. Mais lorsqu’elle parle et sourit, on se laisse emporter dans une valse, celle de sa bonne humeur, de sa good vibes, comme diraient les jeunes (ou les gens cool). Comédienne, elle consacre une grande partie de sa vie à son art, si ce n’est son quotidien. En effet, Emmanuelle tourne dans "Un si grand soleil", la série phare de France 2 dont les intrigues se déroulent sous le soleil de Montpellier.


L’actrice incarne Flore, une artiste et mère célibataire qui retrouve le père de son fils, disparu de sa vie depuis quinze ans. Un rôle exigeant qui implique parfois de longues semaines de tournage, loin de Paris. Mais la comédienne a su trouver son équilibre et, surtout, elle prend le temps de s’écouter. Rencontre.


Emmanuelle Bouaziz : « J’ai vécu de très belles histoires d’amour »


PressEyes : Est-ce que tu peux me parler de Flore ?


Emmanuelle Bouaziz : Flore est une femme qui a 35/36 ans, elle est artiste plasticienne. Elle est mère célibataire avec un enfant de 15/16 ans, qu’elle a toujours élevé toute seule. De par son activité artistique, elle est amenée à beaucoup bouger. Elle n’a jamais connu son père, et elle décide de faire un test ADN. Elle retrouve son père, qui est chirurgien à Montpellier, et, par la force des choses, elle décide de s’installer à Montpellier et de faire un bout de vie là-bas, surtout pour son fils qui en a marre des cours à distance et qui a envie d’aller au lycée.


PressEyes : La première chose que tu as aimée chez elle ?


Emmanuelle Bouaziz : Sa spontanéité.


PressEyes : Est-ce que l’on peut dire que Flore est une amoureuse de l’amour et une nostalgique ?


Emmanuelle Bouaziz : Je pense qu’elle est restée bloquée à ses 18/19 ans, quand son amoureux de l’époque, le père de son fils, est parti sans laisser de nouvelles et n’en a pas donné pendant 15 ans. Je ne sais pas exactement ce qu’il s’est passé dans sa tête, mais je pense qu’elle s’est dit : autant kiffer ma sexualité. Quand on est mère célibataire, c’est beaucoup d’intendance. Elle a bien élevé son fils, il est très doué à l’école. Mais en même temps, c’est une vie très bohème, et j’imagine qu’elle se fait kiffer parce que c’est comme ça.


En revanche, elle switch quand Damien, le père de son fils, revient dans sa vie, sans vraiment savoir pourquoi, avec une balle dans la jambe. Ça ne sent pas très bon, l’histoire, mais elle se rend compte qu’elle est toujours amoureuse de lui, malgré les années qui sont passées. Elle s’est accrochée à cette histoire qui n’était pas terminée, et le reste n’avait finalement aucune importance.


PressEyes : Je voulais faire un petit parallèle avec la série Clem. Tu y jouais Alma, qui est aussi, pour moi, une passionnée et, comme Flore, prête à tout par amour. Qu’est-ce que tu aimes dans ces femmes qui vivent l’amour à 100 % ?


Emmanuelle Bouaziz : Leur intensité, j’imagine. Quand on aime comme ça, il faut être un peu incrédule et immature émotionnellement. Mais au fond, c’est surtout une question de faire les choses avec intensité. Alma, c’était un peu compliqué, parce qu’elle était amoureuse d’Adrien et qu’elle sentait qu’il était en train de partir. Elle a fait un truc un peu nul en se servant de sa blessure et en faisant semblant qu’elle était blessée. Flore est un peu plus réfléchie. Quand Damien débarque, elle est très lucide sur la situation : il a un flingue dans le sac, il fait encore des cambriolages 15 ans après… C’est un peu ridicule tout ça, mais il a une emprise sur elle.


La différence est là : les deux font les choses avec intensité, et c’est pour ça aussi qu’on me demande de les interpréter. Mais effectivement, là où l’une a manigancé un stratagème voué à l’échec, l’autre est clairement sous emprise.

PressEyes : Par rapport à cette emprise, est-ce que la passion qu’elle a pour lui fait que cette relation est toxique ?


Emmanuelle Bouaziz : Je pense qu’au-delà de la passion, il y a une histoire de fantasme. Quand une histoire n’a pas de fin, qu’elle s’arrête brutalement et qu’il n’y a pas de « je te quitte » parce que j’aime quelqu’un d’autre ou parce qu’on ne s’aime plus… Là, c’était « je te quitte parce que je n’ai pas le choix ». Il lui avait promis de lui donner des nouvelles, qu’elle a toujours attendues. Elle s’est construit une image fantasmée de lui et, surtout, elle le croit.


Damien est quelqu’un qui parle bien, très séducteur ; elle ne fait pas la différence entre le poids des mots et le poids des actes.


PressEyes : Pour vivre une belle histoire d’amour, quel est pour toi le juste milieu ?


Emmanuelle Bouaziz : Je ne l’ai pas trouvé (rire). C’est faux ce que je dis, parce que j’ai vécu de très belles histoires d’amour. Je crois que ce qui fonctionne, c’est l’acceptation de l’autre tel qu’il est, tout simplement. Les plus belles relations que je garde dans mon cœur sont celles avec des hommes avec qui j’étais moi. Je n’avais pas l’impression de devoir faire plus ou faire moins, ou prendre plus de place ou moins de place. On était juste comme on était, dans une égalité de tout. Il n’y avait pas de jalousie de travail, de salaire… C’était simple, et le dialogue se faisait surtout, parce que parfois on peut mal s’exprimer ou mal comprendre quand l’autre s’est exprimé. Le dialogue est très important, je pense que c'est la clé.






PressEyes : Flore ment pour garder cette histoire d’amour. Toi, quelle est la chose la plus folle que tu as faite ou que tu pourrais faire par amour ?


Emmanuelle Bouaziz : Que je pourrais faire ? Plus rien, ça, c’est une évidence. J’ai vraiment appris à m’apprécier et à m’aimer, donc aujourd’hui, si quelqu’un rentre dans ma vie, ce n’est que du bonus, c’est un plus. La chose la plus folle par amour ? Je ne pense pas. Maintenant, oui, j’en ai fait des conneries et j’ai accepté l’inacceptable. Pour résumer, c’est ça.

PressEyes : Comment tu travailles Flore ? Qui est un personnage que tu incarnes finalement au quotidien ou presque.


Emmanuelle Bouaziz : Flore, sa caractéristique première, que j’utilise pour la travailler, pour la faire exister, c’est son intensité, son franc-parler, sa simplicité des choses. Jusqu’à présent, c’était ça : il y a une situation, il faut trouver une solution, on va s’en sortir. Et en même temps, aujourd’hui, elle est dans un mood de : « C’est très cool et on verra demain. » Elle a toujours basculé entre le pragmatique du moment et le fait de se foutre un peu la paix. Pour moi, c’est assez facile. En revanche, avec l’arrivée de Damien, c’est plus intense. En production de travail, j’avais beaucoup à faire en très peu de temps pour passer d’une émotion à une autre. La difficulté, c’était de jouer des scènes que l’on ne tourne pas dans l’ordre et de jouer la descente.


Au début, elle part un peu dans tous les sens. Mais à partir du moment où elle a décidé qu’elle allait suivre Damien, c’est à partir de là que ça se casse la figure. Elle est d’une certaine manière avec lui, mais aussi avec son père, son meilleur pote et son fils. Elle bascule de l’un à l’autre et, en même temps, il y a une vraie dégringolade physique. Elle est à bout. Ça, ce n’était pas facile. J’avais besoin de m’isoler parce que j’avais besoin de recharger ma batterie.


C’était vraiment très intense, très soutenu, ça a été l’expérience la plus formatrice. De mon côté, j’ai fait avec ce que j’ai pu, malheureusement, vivre dans ma propre vie. Je me suis dit : « Si j’ai vécu ça, il faut que ça me serve et que ce soit le plus honnête possible. » Je n’avais pas spécialement envie de remettre les mains dans le cambouis, mais je me suis dit : « Utilise ça, pour que ce soit transcendé dans cet artistique-là. »

PressEyes : Quand on joue dans une quotidienne, comment fait-on pour prendre du recul entre soi et son personnage ?


Emmanuelle Bouaziz : C’est vraiment technique. À partir du moment où ça coupe, on redescend. J’aime bien rigoler avec la technique, ça me permet de m’aérer le cerveau, de faire des blagues, de dédramatiser la situation. Puis continuer ma vie : aller au cinéma, voir les copains, aller boire des coups. Je fais tout pour rester proche de mes ami·es. Je ne les voyais pas beaucoup, là, je suis restée sept semaines à Montpellier non-stop.


Je les avais beaucoup au téléphone pour garder ma vie à moi, et je pense que c’est ça qui permet de ne pas faire la bascule. La bascule se fait de toute façon. La limite entre ton personnage et toi est très fine, donc je peux comprendre que l’on bascule totalement, mais j’étais très entourée et soutenue. J’ai fait attention à prendre des moments pour moi, je me suis beaucoup isolée en parallèle. Je me suis écoutée, j’ai pensé à ma santé mentale (rire). Non mais c’est le plus important.





PressEyes : Est-ce que, pour toi, les quotidiennes ont insufflé un nouveau format de séries courtes ? Là, il y a Dear You qui vient de sortir sur Prime Video avec des épisodes de 20 minutes, il y a aussi Nobody Wants This sur Netflix et bien d’autres. Est-ce qu’il y a, selon toi, un renouveau des formats ?


Emmanuelle Bouaziz : J’aime bien l’idée de la diversité. Parfois, je trouve que ça va trop vite. Puis parfois, quand on a des films de 2h45, 3h, ça peut paraître long. Je pense que ça dépend de ce que les gens ont envie de voir à ce moment-là de leur vie. On se rend compte que sur "Un si grand soleil", ça marche très bien sur la plateforme France TV. Il y a un vrai public pour ça, notamment le vendredi, quand tous les épisodes sortent.


Je pense que c’est très bien que les plateformes existent, mais que la télévision continue d’exister, que le cinéma continue d’exister. Internet aussi, avec les réseaux sociaux, permet pas mal de visibilité. Avec "Un si grand soleil", ils sortent les bandes-annonces sur Instagram, des extraits, pour alimenter ce qui va se passer dans la semaine, et je trouve que ça marche super bien.

PressEyes : Pour conclure cette jolie rencontre, si tu avais trois mots ou adjectifs pour décrire Flore ?


Emmanuelle Bouaziz : Je dis souvent qu’elle est authentique, intense, honnête. Mais aujourd’hui, je dirais : sensible, vulnérable, et je lui mettrais un petit « amour ».


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