Philippine : son enfance à l’âge adulte, elle nous dévoile le Cardio Drame de sa vie
- Dandeu Mathilde
- 24 mars
- 8 min de lecture

Philippine est une jeune femme qui mène une vie à 100 à l’heure. Pour elle, impossible de s’arrêter tant les idées fusent dans sa tête. Ainsi, les battements de son cœur explosent chaque jour de mille façons : des moments de haute intensité, que ce soit par le sport, sa créativité ou ses émotions qui s’entremêlent, donnant naissance à Cardio Drame. Rencontre.
Par Mathilde Dandeu
Si l’on devait imaginer Philippine petite, on la verrait bien pipelette avec ses copines de classe. Philippine fait partie de ces personnes qui ont cette éloquence agréable. Ses mots, ses paroles, reflètent son âme artistique, donnant à chaque phrase un véritable refrain plein de profondeur. Philippine ne répond pas seulement à mes questions, elle y répond en profondeur et avec le cœur. Rencontre avec cette artiste qui apporte à la vie une certaine légèreté, et cela fait du bien.
Philippine : « C’était ma façon à moi de crier, de libérer mes histoires d’amour… »
PressEyes : Tu as 4 ans quand tu prends réellement conscience de la musique. Qu’est-ce qui s’est passé à ce moment-là dans la tête de la petite fille que tu étais ?
Philippine: Je me souviens de la première fois que j’ai joué du piano, j’avais 4 ans. Je vivais au Canada, et nous étions chez des gens que nous ne connaissions pas. Ils avaient un piano, et je me suis assise et j’ai commencé à appuyer sur le clavier. À ce moment-là, j’ai su qu’il y avait quelque chose. Il y a eu une alchimie entre le piano et moi. C’était une histoire d’amour qui commençait. J’ai ressenti une sensation que je n’avais jamais eue dans ma petite vie d’avant. Après ce jour, je n’ai plus jamais arrêté de jouer du piano, et j’ai toujours mon tout premier piano chez mes parents.
PressEyes : C’est donc à partir de ce moment-là que la musique ne t’a plus jamais quittée…
Philippine: En effet, c’est vraiment à partir de mes 4 ans que j’ai commencé à prendre des cours de piano. Quand je suis rentrée en France, j’ai commencé à faire du solfège, où il fallait chanter pour travailler l’oreille. Petit à petit, j’ai donc commencé à chanter.
PressEyes : Tu as 12 ans quand tu écris ton premier morceau, ce qui est très jeune. Est-ce que, pour toi, c’était un exutoire au début de ton adolescence ?
Philippine : Complètement. Je faisais du piano depuis longtemps, j’avais pratiqué beaucoup de classique et de jazz. C’est à 12 ans que j’ai pris conscience que les chansons qui passaient à la radio étaient « plus faciles à écrire » que ce que je jouais. Dans le sens où le classique, c’est assez complexe : il y a plein de notes différentes à enchaîner.
Quand j’ai vu comment les chansons étaient écrites, avec seulement quatre mesures, je me suis dit que ce n’était pas si compliqué que ça, et je me suis lancée. Puis, à 12 ans, j’avais besoin d’écrire tout ce que je ressentais et que je ne disais pas forcément à voix haute. C’était pour moi une façon de me libérer du poids de l’adolescence, et ça m’a fait un bien fou. C’était ma façon à moi de crier, de libérer mes histoires d’amour…
PressEyes : Aujourd’hui, avec la maturité, la vie et tout ce que tu as pu apprendre, qu’est-ce que la musique t’apporte au quotidien ?
Philippine: C’est encore ma façon de crier. Je le dis tout le temps, mais quand on est artiste et qu’on écrit, c’est comme aller chez le psy. Ça me permet de me canaliser, la musique me berce, m’enveloppe, c’est comme si j’étais un bébé dans le ventre de sa maman, mais d’une façon musicale. Ça me permet d’avoir les pieds sur terre et de me motiver dans la vie. C’est mon plus gros ego boost. Je n’ai pas besoin d’un mec (rire), j’ai juste besoin de ma musique.
PressEyes : Tes textes sont finalement un journal intime que tu livres à ton public.
Philippine: Ce sont exactement les mots qu’il faut dire. Toutes mes chansons sont toujours du vécu, sauf une qui ne parle pas de moi, mais d’un divorce. Mais toutes les autres, ce sont vraiment des choses que j’ai vécues.
J’essaie toujours d’écrire de manière à ce que les gens puissent s’identifier. Je ne veux pas que ce soit un moi, je égocentrique. Mais je veux quand même qu’il y ait une part de moi dans la chanson.
PressEyes : Je dis toujours que les histoires personnelles sont les plus universelles. On vit tous finalement un peu les mêmes choses…
Philippine : C’est exactement ce que j’allais dire. Tout le monde peut s’identifier à une chanson. Par exemple, j’ai sorti C’est beau, c’est toi il y a longtemps. Ça parle de ma maman et de sa bipolarité, mais certaines personnes pensaient que c’était une histoire d’amour. Chacun a sa propre interprétation de mes mots, et ça ne me dérange pas. Si ça peut aider ces personnes à être plus fortes, c’est génial. Je reçois souvent des messages me disant : Merci beaucoup pour ce que tu as écrit, ça m’a rendu plus fort·e. Et ça, ça me touche énormément.
PressEyes : On va revenir sur ton morceau C’est beau, c’est toi, que j’ai longtemps pris pour une chanson d’amour, jusqu’à ce que je lise qu’elle parlait en réalité de ta maman et de sa bipolarité. Quelle était l’importance pour toi de mettre des mots sur cette maladie ?
Philippine: Cette chanson est l’une des seules que je n’ai pas écrites moi-même. J’avais 19 ans quand Slimane l’a écrite. Ce sont des mots que je n’avais pas, mais que j’aurais aimé avoir. J’avais besoin que quelqu’un d’autre les trouve pour moi, parce que c’était vraiment personnel et difficile à exprimer à l’époque. Je savais que je pouvais faire confiance à Slimane, qu’il trouverait les bons mots. Ce qui est beau, c’est que même des années plus tard, cette chanson résonne toujours en moi. C’est fort.
PressEyes : En tant qu’artiste, quelle est l’importance pour toi de sensibiliser ton public à des sujets parfois tabous, comme ici la bipolarité ?
Philippine : Au-delà de la passion et de l’envie de chanter, c’est aussi pour ça que je fais ce métier. Mais j’ai découvert ce pouvoir avec le temps : l’impact que mes chansons pouvaient avoir. À 18 ans, quand j’ai commencé dans ce milieu, je me suis dit : Ah trop bien, je vais pouvoir chanter, parler de ce que je ressens. Et puis j’ai vu l’impact que ça pouvait avoir sur les jeunes, et là, je me suis dit : Wouah, c’est incroyable, ce pouvoir. Je trouve ça hyper important. Dans toutes mes chansons, il y a toujours un message.
Pour le single Cardio, par exemple, ça parle d’une femme qui s’affirme. C’est un morceau sur l’affirmation de soi, sur le fait d’être toujours à 500 %. On est souvent sous-estimées en tant que femmes, mais on se relève toujours. Il y a un message très fort derrière, mais avec une touche d’humour.
Je suis quelqu’un de très solaire, j’adore rire, et j’aime parler de sujets importants en y apportant un peu de légèreté… sauf dans les ballades, où tout le monde veut pleurer (rire).
PressEyes : Justement, par rapport à tes ballades, il y a un réel contraste entre tes paroles et la musique. Même quand les paroles sont mélancoliques, la musique donne envie de danser. Est-ce une façon de faire écho à la vie, où même dans les périodes tristes, il y a toujours des moments de joie ?
Philippine : Toutes mes ballades sont écrites au piano, et il y a ce truc, comme un cheval au galop. Parce que c’est ça, la vie : il y a un mouvement, quelque chose de dansant. Je veux que les gens, quand ils écoutent mes ballades, soient portés comme dans un voyage. Dans mes chansons tristes, il y a toujours une envolée à la fin, avec quelque chose de positif dans les paroles. C’est un peu ma signature, pour montrer que dans la vie, tout peut s’arrêter, mais tout revient toujours, et on finit par rebondir.
PressEyes : J’ai remarqué que tes textes se répondent… Je ne sais pas si c’est du hasard ou si c’est voulu. Par exemple, N’importe quoi, qui parle de rupture, semble répondre à Bah Non, où tu gardes la tête haute après une rupture. Et Je n’attendrai plus fait écho, je trouve, à Cardio…
Philippine: C’est ça qui est trop beau. Et c’est là qu’on voit mon évolution. Tu sens, dans mes textes, qu’au fil des années, je deviens une femme qui s’affirme, qui est plus battante et plus forte. Et je suis trop fière de mon nouveau projet, où je m’affirme encore plus, que ce soit dans mon image, dans qui je veux être, ou même dans ma façon de m’habiller.
Parfois, c’est un peu dur, parce que je suis Bélier, et dès que j’ai une idée, je fonce. Je vais tout faire pour l’avoir, mais sans jamais dénigrer les autres. Je ne suis pas du genre à écraser les gens pour arriver là où je veux. Je préfère me battre de mon côté.
Et Cardio Drame, c’est un peu la dernière page de ce journal intime. Comme si toute ma vie jusqu’ici était un journal, avec N’importe quoi, Je n’attendrai plus… des morceaux qui représentent un peu la tempête que je suis. Et Cardio Drame, c’est comme le point final de cette quête de savoir qui je suis. C’est plus affirmé, plus frais… et j’adore.
PressEyes. : Dans le morceau Cardio, tu évoques le fait que te donner à 1000 % dans ton travail t’apporte ta dose de dopamine. Quel est pour toi le juste milieu pour ne pas tomber dans un burn-out ?
Philippine : C’est une très bonne question, parce que le problème, c’est que je n’ai pas de juste milieu. Et c’est marrant que tu dises ça, car je suis quelqu’un qui a tellement d’idées que je ne sais pas m’arrêter. Heureusement, j’ai un entourage qui me dit : Là, aujourd’hui, tu poses ton téléphone et tu ne fais rien.
C’est pour ça que dans Cardio, je dis « je cours, j’adore ». Il y a de l’humour, mais au fond, il y a aussi quelque chose de dramatique dans le fait de ne jamais s’arrêter. Moi, depuis mes 18 ans, je suis dans ce milieu et je n’ai jamais vraiment pris de pause. On m’envoie un message, cinq minutes plus tard, on me demande un truc, je le fais. Heureusement, mon entourage m’aide à garder un équilibre.
Et puis, je partage ma vie avec quelqu’un depuis quelques années, et cet EP, cette phase où je me suis trouvée, où je suis beaucoup plus posée et zen, c’est aussi grâce à lui. Il m’a appris à parler, à exprimer ce que je ressens. Parce que, même si on a des parents, des ami.e.s, pour moi, c’est avec la personne avec qui tu partages ta vie que tu te livres vraiment. Je ne me suis jamais sentie aussi bien dans ma vie grâce à lui. C’est beau… Je vais me mettre à pleurer… J’espère qu’il ne m’entend pas (rire).
PressEyes : Quel est le message que tu as envie de faire passer à ton public ?
Philippine : Souvent, je dis que je veux faire passer un message de force, de ne jamais baisser les bras. Se dire que, même s’il y a des moments difficiles, ce ne sera pas toujours comme ça. Il y a des périodes où l’on ne va pas bien, mais on finit toujours par se relever.
Une belle note positive à garder en tête comme un mantra. Merci, Philippine.
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