"Ouragan" est le nom de son premier EP à ne surtout pas oublier, tout comme celui de Jade. Un petit bout de femme d’une grande bienveillance qui ne pourra que vous envoûter avec ses chansons d’amour… Rencontre.
Gentillesse, douceur, lumière, voilà comment on pourrait décrire Jade. Une jeune femme pétillante, qui n’a pas peur de laisser transparaître ses doutes, ses peurs de devenir adulte, de devoir dire adieu à une relation qui ne lui convenait plus… Pour y mettre des mots, elle a choisi la musique et en a fait un EP, baptisé "Ouragan". La vie n’est-elle pas un grand Ouragan de ce temps qui passe, qui nous fait grandir, mûrir dans sa vie professionnelle, comme amoureuse ? Mais celle qui en parle le mieux, c’est Jade.
Jade : Désormais, je ne veux plus me limiter
PressEyes : Tu as commencé ta carrière en tant que danseuse pour de grands artistes, comme Mylène Farmer. À quel moment as-tu voulu te lancer aussi dans la chanson ?
Jade : J’ai toujours eu cette double casquette, ce petit rêve dans ma tête de chanter un jour, mais je me suis d’abord fixé l’objectif de danser. C’est à force de travailler avec les artistes, de danser et de chorégraphier pour eux, que je me suis dit que ce serait incroyable de pouvoir chanter mes propres chansons et danser sur scène. C’est vraiment la rencontre avec Amir qui a été déterminante. Il m’a proposé de passer au studio et je n’avais jamais fait de son pour moi. J’ai toujours chanté avec mon père et sa guitare après les repas de famille (rire), mais là, il m’a donné l’opportunité de créer avec son équipe et c’est comme ça que c’est parti. Désormais, je ne veux plus me limiter. Je veux garder la danse, mais je veux aussi chanter.
PressEyes : Tu peux me parler de ta rencontre avec Amir ?
Jade : Je l’ai rencontré car j’ai dansé pour lui sur un projet. On s’est bien entendus et il m’a proposé de chorégraphier pour lui. C’était ma première expérience en tant que chorégraphe, et c’est ça qui est beau : il m’a donné cette chance de pouvoir créer, imaginer, penser ses visuels et m’accueillir dans ses studios. C’est vraiment une très belle rencontre.
PressEyes : Tu as également fait ses premières parties. Qu’est-ce que tu retiens de cette expérience ?
Jade : C’est une très belle expérience, mais c’est un exercice très difficile. C’est un public qui ne te connaît pas, il ne vient pas te voir, il attend l’artiste. Il faut réussir à accrocher les gens, mais son public est super bienveillant, donc ça s’est bien passé.
PressEyes : Tu as dansé pour la comédie musicale Starmania, comment es-tu arrivée sur ce projet ?
Jade : Le casting était déjà fait, mais on m’avait proposé de faire l’audition. Ensuite, il y a eu le COVID, donc je n’ai pas pu passer l’audition, mais ils avaient gardé mon profil en tête. Il y a une des danseuses qui n’a pas pu faire le projet à la dernière minute, et le chorégraphe m’a réécrit sur Instagram pour me proposer de la remplacer. J’ai d’abord dansé, puis au bout d’un an, j’ai aussi intégré leurs choristes.
PressEyes : Faire partie de la team Starmania, est-ce qu’il y a ce côté un peu nostalgique et de fierté par rapport à tes parents, car c’est de leur génération ?
Jade : Je pense que l’on a tous les références des chansons. Mais je t’avoue que je pensais que c’était quelque chose d’un peu vieillot. Mais Thomas Joly a réussi, avec sa mise en scène, à moderniser l’approche. J’étais vraiment fière de faire partie de ce show car il est novateur et ça fait du bien de voir ce genre de spectacle sur la scène française.
PressEyes : Tu chantes, tu danses, est-ce que tu aimerais écrire ta propre comédie musicale ?
Jade : Je n’y ai jamais pensé, mais en vrai, ce serait fou. Il faut bien y réfléchir. J’ai l’impression que c’est de plus en plus compliqué en France de voir des comédies musicales qui marchent. Si je dois monter une comédie musicale, il faudra que ce soit quelque chose de novateur. Mais à y réfléchir, pourquoi pas.
PressEyes : On va parler de ton EP Ouragan, est-ce que tu peux me raconter l’histoire de cet album ?
Jade : La genèse, c’est un peu l’intro de mon EP. J’ai fait la rencontre de Carla Bruni, par le biais d’Amir. Je lui ai donné des cours de danse particuliers. On a eu de grandes discussions, car j’étais dans un moment où j’avais arrêté d’écrire des chansons, car je n’arrivais pas à trouver ce qui me plaisait vraiment. J’ai fait une grande pause et j’avais toujours ce vocal que j’écoutais de temps en temps. Quand j’avais des moments de "down", ça me donnait un coup de boost. Je me suis rendue compte qu’il y avait plein de gens qui croyaient en moi, qui me soutenaient… J’étais la seule à ne pas croire en moi. J’étais guidée par beaucoup de peurs. C’était une période émotionnellement compliquée, que ce soit en amour ou dans ma famille… Mais je me suis reprise et j’ai voulu tenter. Finalement, ça a été ma thérapie. On s’est mis trois mois à fond en studio. Je voulais sortir un projet dont j’étais 100% fière et qui me ressemblait à 100%.
PressEyes : Pourquoi Ouragan ?
Jade : Dans le vocal de Carla Bruni, elle me dit que le plus important, c’est de savoir résister et de survivre à l’Ouragan. Ce mot Ouragan m’est resté en tête. J’aime cette idée de tout déconstruire pour tout recréer.
PressEyes : Ça fait aussi écho à tout ton EP : il parle beaucoup du fait de quitter l’enfance pour devenir adulte, ce qui dans une vie est un grand tourbillon…
Jade : J’ai l’impression de recréer mon monde. Je viens d’avoir 24 ans et j’ai l’impression de comprendre enfin ce que c’est d’être adulte : de se prendre en main, d’assumer ses choix. J’ai l’impression de quitter l’enfance et de me détacher de tout ce qui ne me sert plus.
PressEyes : Avant de parler en profondeur de ton EP, je voulais savoir, quelle a été ta réaction quand Carla Bruni t’a demandé des cours particuliers, car il faut rappeler qu’elle a été première dame de France ?
Jade : J’étais trop touchée. Et ce qui me plaisait au-delà de lui donner des cours de danse, c’était d’en apprendre plus sur elle, de rentrer dans son monde. Elle a une aura tellement forte, et on dansait, mais on parlait aussi beaucoup de la vie, de tout. Son expérience est tellement vaste, je pense que l’on a tous à apprendre d’elle.
PressEyes : Tu as mis ton échange avec elle en musique, mais on dirait qu’elle chante. Je me suis même posée la question à savoir si vous vous parliez en chantant !
Jade : Non, c’est juste sa manière de parler. Quand elle m’a envoyé ce vocal, il était tard, je l’ai écouté et je me suis endormie, tellement c’était de l’ASMR pour mes oreilles. Chaque mot qui sort de sa bouche, c’est de la poésie.
PressEyes : On va parler de Chanson d’amour et, comme tu le soulignes, ce n’est pas une chanson d’amour, mais une chanson de rupture. Je l’ai ressentie comme une chanson qui met en avant que c’est après une séparation que l’on se rend compte de la chance que l’on avait de partager sa vie avec cette personne…
Jade : Il y a de ça, et aussi j’ai voulu mettre en lumière qu’après une séparation, on se rend compte de tout ce qui nous desservait dans cette relation. Chanson d’amour parle d’une relation toxique, d’une personne qui te fait à la fois du bien et à la fois c’est elle qui a le pouvoir de te faire du mal. À quel point, en vrai, ton amoureux ou ton amoureuse peut être ta bouée comme ton bourreau. Je pourrais en parler pendant longtemps de cette chanson (rire), mais je pense que c’est l’essentiel qu’il faut en retenir.
PressEyes : Tu étais dans quel état d’esprit quand tu as écrit cette chanson ?
Jade : En rupture (rire). Mais je voulais aussi parler des attentes, de vouloir sauver quelque chose qui est voué à l’échec et je me suis dit : "Je ne sais même pas si je veux lui offrir une chanson d’amour." Je parle aussi de ce que ça provoque quand tu es sans la personne. Tu te sens un peu vide et il reste des traces de tout ça.
PressEyes : Tu es sur les réseaux sociaux. Est-ce que pour toi, ça peut être un danger et créer des comportements toxiques dans les relations amoureuses ?
Jade : Je pense que tout est une question de comment on gère les choses. De mon côté, ça n’a jamais été un frein, car j’ai toujours eu des partenaires très respectueux par rapport à ça. Les réseaux sociaux ont plus été toxiques vis-à-vis de moi-même que dans mes relations. Quand tu es bien dans ta relation, tu n’as pas envie d’aller chercher la considération d’autres hommes ou femmes.
PressEyes : Est-ce que tu appréhendes les critiques de certains internautes, les mauvais commentaires ?
Jade : Pas du tout et là, sur TikTok, je commence à avoir des haters et ça me régale (rire). Même si j’ai des mauvais commentaires, si c’est constructif, je suis ouverte aux critiques, je ne suis pas susceptible. L’art, c’est hyper subjectif, tu ne peux pas tout aimer… Après, si ce sont des menaces de mort ou des insultes qui visent ma famille, c’est différent. Je dis ça, car je n’ai pas atteint la notoriété qui fait que je me fais harceler sur les réseaux. Mais je crois que quand tu sais ce que tu vaux et que tu es aligné avec ce que tu fais, tu dois te sentir bien et peu importe les critiques, on doit être fiers de ce que l’on a accompli.
PressEyes : Pour toi, quelles sont les bases d’une relation saine ?
Jade : La communication, c’est bateau, mais je pense que c’est vraiment important. Savoir faire des sacrifices aussi, tout en respectant la liberté de l’autre, ne pas vouloir le changer et partager les langages de l’amour. Je pense qu’on sent en amour si on est trop différents et que ça ne va pas le faire. On peut être différent, mais si l’autre ne veut pas faire d’efforts pour entrer dans ton monde, je pense que c’est mort.
PressEyes : On va évoquer Promesse, qui parle de cette étape de l’enfance à l’âge adulte. Est-ce que se donner des promesses, ce n’est pas se mettre une certaine pression de devoir les suivre ?
Jade : Tu as totalement raison. Justement, au départ, je me suis mise une mauvaise pression dans ma carrière. Je ne faisais pas les choses pour moi, mais pour mes parents, tous les sacrifices qu’ils ont faits pour moi, de m’amener à la danse tous les jours, de m’accompagner financièrement… je me suis dit : "Tu montes à Paris, il faut que ça marche." Au début, j’étais heureuse, mais au bout d’un moment, je me suis demandé pourquoi je le faisais. La musique me fait beaucoup de bien, car je le fais pour moi et je ne me mets pas de mauvaise pression. Je sais que quoi qu’il en soit, ils sont fiers.
PressEyes : En écrivant tes chansons, est-ce que ça te libère d’un poids ? Des choses que tu n’oses pas forcément dire ?
Jade : Carrément. Je suis du genre à accumuler, de nature un peu anxieuse, je vais tout garder pour moi et ça va ressortir en grosse crise d’angoisse à la maison. La musique, c’est vraiment un exutoire.
PressEyes : Le troisième morceau dont on va parler, c’est Douce danse. On ne sait pas vraiment si tu parles d’une relation amoureuse ou si tu personnifies la danse et que ta relation amoureuse, c’est finalement la danse.
Jade : Trop intéressant de voir ce double sens. Je l’ai écrite en me disant qu’une relation, c’est un peu comme une danse, dans le sens où tu dois accompagner l’autre. Mon corps, c’est aussi ma manière d’exprimer ce que je vais ressentir. Le toucher, c’est très important pour moi.
PressEyes : La danse pour toi, ça représente l’amour ?
Jade : Oui, car en vrai, c’est mon premier amour.
PressEyes : Ton message d’amour pour ton public ?
Jade : Je suis très reconnaissante de ce que je vis en ce moment. Je n’ai pas un grand public, mais le peu de gens qui me suivent, j’ai l’impression qu’ils croient vraiment en ma vision et me donnent beaucoup de soutien. Je suis très reconnaissante aussi de mon entourage. J’ai réduit mon cercle et j’ai l’impression que les gens qui sont autour de moi sont bienveillants, me boostent et on se booste mutuellement. Je voudrais tout simplement remercier les gens qui me suivent maintenant et j’essaie de me dire que ces gens-là, je pourrais les garder pendant des années et qu’on sera toujours là les uns pour les autres.
Une jeune artiste à suivre et qui, on en est certain chez PressEyes, fera de belles et grandes choses.
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