Herrade Von Meier et Romane de Stabenrath : de mère/fille à l’écran à copines dans la vie
- Dandeu Mathilde
- 9 mai
- 7 min de lecture

Vous aimez les comédies familiales avec une pointe d’humour, sur fond de comédie romantique ? Ne passez surtout pas à côté du film De mauvaise foi. Un film d’une grande douceur, qui mène à une certaine quête de l’amour de soi ou de l’amour avec un grand A. Pour en parler, PressEyes est allé à la rencontre des actrices Herrade Von Meier et Romane de Stabenrath.
Par Mathilde Dandeu
Dans "De mauvaise foi", Herrade Von Meier et Romane de Stabenrath jouent la mère et la fille. Un rôle qui leur a demandé de créer un certain lien. Le tournage terminé, il n’était pas question que chacune reparte de son côté. Herrade Von Meier et Romane de Stabenrath sont devenues de véritables amies, qui aiment s’appeler de temps en temps et passer de beaux moments ensemble. Une belle complicité qui s’est ressentie lors de notre rencontre. Une rencontre sous le signe de la sororité, de deux femmes qui se soutiennent mutuellement et qui s’aiment sans une once de jalousie. Un duo qui fait du bien. Rencontre.
"Ce qui nous réunit, c’est le jeu, la joie de jouer."
Est-ce que vous pouvez me présenter vos personnages ?
Romane de Stabenrath : Je joue une jeune fille, Athénaïs, qui vit de façon indépendante, mais qui revient chez ses parents de temps en temps. Elle présente à ses parents son fameux fiancé, Eliott, au début du film.
Herrade Von Meier : Je suis Blandine, mariée à Réginald, et je suis la mère d’Athénaïs. Je suis mère au foyer, très classique, mais avec une part d’originalité. C’est une femme avec beaucoup de personnalité, qui a soif de vérité, qui sait où elle va. C’est une femme d’intérieur, qui aime que les choses soient belles, elle aime les gens et elle aime accueillir.
Un casting avec un véritable mélange des générations. Qu’est-ce que cette dynamique intergénérationnelle a apporté au film et à votre jeu ?
Romane de Stabenrath : Pour moi, qui commence le métier, ça apporte du réconfort, de la solidité, on peut demander des conseils. Ça apporte une famille de cinéma : ma fausse famille à l’écran, ça devient des gens que l’on garde dans la vie et avec qui on peut cheminer dans le métier. C’est très important, et c’est cet aspect intergénérationnel qui le crée, je trouve. J’avais aussi des gens plus proches de mon âge, ce qui me permettait de pouvoir jongler entre les deux.
Herrade Von Meier : C’est ça qui est beau dans notre métier : pouvoir travailler avec des personnes qui n’ont pas forcément notre âge. Là, c’est vrai qu’on le voit beaucoup, car c’est une famille, mais ce thème de la famille au cinéma est très présent. Ce qui nous réunit, c’est le jeu, la joie de jouer. Que l’on ait 90 ans, 20 ans ou 5 ans, on joue avec les personnages que l’on doit incarner.
Romane de Stabenrath : On est habitués à se faire des ami.e.s sans regarder l’âge, et ça, c’est trop bien.
Vous jouez la mère et la fille, et vous êtes toutes les deux un peu les seules femmes du film. Est-ce que ça a pu vous rapprocher ? Est-ce que, Herrade, vous avez pu donner des conseils à Romane ?
Herrade : Je n’ai pas eu beaucoup de conseils à lui donner parce que c’est une bonne actrice. Elle pige vite, elle est intelligente, elle a du talent. Je ne pense pas t’avoir donné de conseils ?
Romane : À travers ton jeu, tu rayonnes et tu m’inspires (rire). Pour moi, c’était plus le fait que l’on soit que deux femmes. On était vraiment entourées de mecs. C’était agréable d’être deux femmes sur le plateau, même si ça s’est bien passé pour tout le monde, c’était cool d’avoir cette sororité-là.
Herrade, qu’est-ce que vous avez aimé dans le jeu de Romane, et Romane, qu’est-ce que vous avez aimé dans le jeu d’Herrade ?
Herrade : Romane a une grâce, une élégance, une aura. Elle est belle, mais ce que j’aime, c’est qu’elle n’en fait pas cas. Elle est très nature, très simple, et ça la rend encore plus jolie. C’est une beauté qui aime juste jouer et qui ne joue pas de sa beauté. Elle joue très bien, elle est très juste, très fine. Elle a une vraie intelligence de jeu et je suis sûre qu’elle ira très loin.
Romane : Ce que j’aime chez Herrade, c’est son énergie, ses grands yeux qui pétillent. Elle a un jeu très généreux, avec une grande fantaisie qui n’est pas si commune chez les actrices, et que moi j’adore chez les grandes actrices, et qu’Herrade a. Elle prend de l’espace, elle n’a jamais peur d’y aller.
Aujourd’hui, en tant que femme, est-ce que c’est encore difficile d’être une actrice ?
Romane : En tant que femme, on est très souvent centrées sur notre image, et là c’est un métier qui est malheureusement instauré par l’image, et on est tout le temps renvoyées à nos complexes… et en plus les gens se permettent d’en parler ouvertement. On est toujours et encore vues un peu comme des objets… et en même temps, on a choisi d’être actrice, donc il faut trouver un juste milieu.
Herrade : Il faut s’amuser avec et savoir se défendre avec l’humour. Il ne faut pas prendre les choses personnellement, même si c’est compliqué.
Herrade, pour revenir à votre personnage : Blandine veut dissuader sa fille de ne pas se marier avec Eliott. Vous, en tant que maman, est-ce que vous seriez capable d’aller jusque-là ?
Herrade : J’ai beaucoup de personnalité, et je pense que je prends de la place avec mon fiston. Mais je trouve que c’est très important de respecter le choix de ses enfants, et je pense que plus on essaie de les dissuader, plus on a de chances qu’ils n’en fassent qu’à leur tête… Je pense que j’irais faire des pèlerinages (rire)… Elle veut la dissuader, mais elle ne fait rien à part prier avec son chapelet. Elle ne confronte pas sa fille, elle passe toujours par son mari.
De mauvaise foi est un film qui met en avant le personnage de Pascal Demolon, qui est notaire, dont les buts sont de rénover son château et de dissuader sa fille d’épouser Eliott. Il y a aussi ce thème de la foi, mais est-ce que l’on peut dire qu’il y a aussi le thème des difficultés des relations amoureuses ?
Romane : Je trouve que tout est lié. Athénaïs, dans les deux relations qu’elle a : la première, elle est dans une sorte d’émancipation, c’est-à-dire qu’elle est aveuglée par cet Eliott prétentieux qui prend beaucoup de place. Mais je pense qu’elle l’aime parce que justement il est très différent de ses parents, de son milieu, et qu’elle veut sortir de ça.
C’est une fille très droite, elle assume complètement sa foi, on la voit prier dans sa chambre. Ce que j’aimais bien chez Athénaïs, c’est ce côté un peu effacé, qui va au gré des garçons et de l’amour…
Elle cherche une certaine liberté, qu’elle finit par trouver. Le film parle d’amour, mais l’amour avec la foi, au sens de croire en ce que l’on est capable de faire, se poser les bonnes questions, savoir ce que l’on veut. La foi n’est pas seulement de croire en Dieu.
Vous avez tourné à Paray-le-Monial, pendant un véritable pèlerinage. Qu’est-ce que vous retenez de cette expérience ?
Herrade : J’étais très émue de jouer là-bas. Je ne veux pas parler au nom de tout le monde, mais on s’est tous dit qu’il se passait quelque chose d’assez lumineux, de doux, on était comme dans une bulle. Il y avait vraiment un état de grâce. On est pas mal à avoir ressenti un certain chamboulement.
C’était comme s’il y avait des vibrations qui venaient dans nos cœurs, un peu nous agiter et en même temps nous donner une paix véritable.
C’était très touchant de voir toute cette jeunesse joyeuse, lumineuse, inspirée, qui a envie de faire la fête, de prier, et qui est simple avec sa foi. Ça nous a en quelque sorte contaminés, c’était une bouffée d’air frais.
Romane : On n’a pas eu l’occasion de vraiment discuter avec eux, mais l’ambiance du tournage était déterminée par ce moment. Paray-le-Monial, c’est un tout petit village, donc le côté religieux prend vraiment toute la place. C’était une ambiance très apaisante, car les gens sont heureux d’être là, ils viennent chercher des réponses, ils ont soif d’amour, de grâce…
On a tourné la scène de la veillée, pendant la veillée, et c’était particulier car on ne devait pas gêner les gens dans leur prière, et c’est évident qu’avec les chants, il n’y avait même pas besoin de jouer. Le fait qu’il y ait de la prière, que l’on soit croyant ou non, il y a des choses qui se passent dans les émotions.
Qu’est-ce que ce film vous a apporté, que ce soit personnellement ou dans votre jeu ?
Herrade : C’est un véritable cadeau de travailler avec Romane et toute l’équipe. J’ai un souvenir ému… je vais pleurer (rire). C’était un tournage avec beaucoup de grâce. C’est aussi un cadeau artistique, car on a tous de très beaux personnages, tous très bien dessinés, et je me permets de dire ça, mais je pense que l’on était tous des cadeaux pour les uns et les autres, parce qu’on a tous aimé jouer les uns avec les autres.
Romane : C’est mon premier film au cinéma, donc ce film m’a beaucoup apporté et tout appris. Un mois et demi sur un lieu avec des gens que l’on ne connaît pas, humainement, trouver l’équilibre entre créer des liens et se préserver ; être au calme, garder son rythme, garder sa concentration, car on n’est pas là pour être en vacances.
C’est à la fois s’ouvrir aux autres, garder ce que l’on est, avec ses émotions, et trouver le professionnalisme : être au bon endroit, chercher la justesse dans son personnage. Techniquement, c’est énorme, tout ce que l’on apprend, surtout sur un premier film : les placements, les caméras, les techniciens qui font un travail incroyable, le réalisateur. Mais j’ai l’impression qu’à chaque film, c’est un retour à zéro et que j’apprendrai d’autres choses.
Herrade : Je veux rendre un petit hommage à Albéric Saint-Martin, car il est bienveillant et il aime les acteurs. C’est vraiment génial, car ça permet une véritable liberté de jeu. Je me suis permise des choses, comme des propositions, et finalement j’ai pu me faire confiance et amener des petites improvisations en plus.
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